
Détenteur de plus de plus de 30 brevets, le professeur Alain Straboni, spécialiste en microélectronique set photovoltaïque silicium, fondateur et CEO de S’Tile, a lancé sur le marché de nombreuses innovations depuis 2018, notamment les panneaux bi-verres photovoltaïques sur-mesure utilisables sur pergola, auvent, garde-corps, toitures ou brise soleil. Au salon Energaïa de Montpellier en décembre 2024, l’entreprise présentait pour la première fois Venetia, un vitrage photovoltaïque isolant qui laisse passer 50% de lumière.
Basée à Poitiers, la PME S’Tile est déjà bien connue sur le marché du renouvelable depuis sa création en 2007. C’est l’I-Cell, une cellule solaire photovoltaïque intégrée qui est à la base de nombre de ses innovations : il s’agit de cellules spécifiques en dimensions et mode d’interconnexion biomimétique qui permettent de produire des panneaux solaires au rendement très élevé tout en réduisant la masse et donc le coût des rubans métalliques entrant dans leur fabrication.
Intégrées à des verres texturés ou colorés imitant la pierre naturelle, l’ardoise et le zinc des toitures traditionnelles, ces cellules ont permis de concevoir de nombreux produits bi-verres ou laminés à destination du bâtiment. Par exemple, les toitures photovoltaïques à l’aspect d’ardoise traditionnelle opaques ou semi-transparentes, qui ont su convaincre les architectes des bâtiments de France sur plusieurs projets, ou les solutions de panneaux solaires photovoltaïques utilisés en tant que façade esthétique pour les bâtiments, les carports, les garde-corps ou les barrières – avec l’avantage important de produire de l’électricité verte.
L’entreprise a remporté le premier prix du concours d’architecture solaire à Dubaï en 2018 avec des modules de couleur uniforme en façade et une véranda photovoltaïque mobile qui se ferme le jour pour laisser passer la lumière et s’ouvre la nuit pour faire entrer la fraîcheur. Elle a aussi été remarquée lors de la reconstruction des halles de Montpellier en 2018, dans un quartier historique : « On a installé sur la toiture 1000 panneaux, mille laminés, doubles verres solaires, deux fois 3,2 mm, avec l’aval des architectes des bâtiments de France », évoque le professeur. L’entreprise travaille en ce moment à un projet pour intégrer le photovoltaïque aux toitures de Paris en imitant l’aspect et la couleur des couvertures en zinc des toitures des bâtiments Hausmaniens.
Venetia, un vitrage laminé isolant et photovoltaïque
« Sur l’ensemble de la production photovoltaïque mondiale, essentiellement produite en Chine, on ne fabrique pratiquement que des panneaux mono-verre souvent très fins, ce qui n’est pas acceptable en termes de sécurité dans le bâtiment. Nous, quand on fabrique des baies vitrées ou des garde-corps, on utilise des laminés beaucoup plus épais : deux fois 3,2 mm si ce sont des verres solaires texturés pour mieux absorber la lumière. La lumière peut passer entre les cellules, mais ils ne sont pas transparents, la vision n’est pas possible », explique le professeur.
« Par contre, en utilisant deux verres classiques ‘float’ que l’on choisira ultra clairs pour une faible atténuation de la lumière incidente, d’une épaisseur de 4mm minimum, la vision est possible dans les zones transparentes. Par ailleurs, étant tous les deux trempés, le laminé constitue des vitrages dit de sécurité. Nous avons un partenariat avec des sociétés qui fabriquent des vitrages isolants, ce qui nous permet aujourd’hui de mettre sur le marché des vitrages isolants où le laminé photovoltaïque constitue le verre avant du vitrage », précise Alain Straboni.
Ainsi, Venetia est un laminé solaire bifacial qui présente la double fonction de brise-soleil protégeant d’une trop forte irradiation solaire, et de générateur d’électricité, produisant plus de 100Wc par m².
C’est avec ce vitrage que S’Tile a récemment réalisé la façade vitrée d’un bâtiment autrichien, le siège de l’entreprise Pilkington. Une transparence de 50% a été choisie - les cellules solaires n’occupant que la moitié du vitrage, sous forme de petites bandes sombres ressemblant à des stores vénitiens à l’intérieur de la vitre, d’où son nom.
« Lorsqu’on n’a pas besoin de transparence, par exemple entre les étages en position d’allèges, on peut alors resserrer le maillage, le laminé d’une couleur uniformément sombre, avec des rubans d’interconnexions complètement invisibles devenant totalement opaque pour capter deux fois plus d’énergie par m² », souligne Alain Straboni.
Ainsi, selon les besoins du bâtiment – orientation, type de bâtiment, location dans le monde… le taux de transparence idéal pourra être choisi. Alain Straboni évoque les bureaux d’Acciona à Barcelone où l’architecte n’avait choisi que 30% de transparence entre les cellules pour que ce bâtiment orienté plein sud ne surchauffe pas trop en été : « Ce qui laissait filtrer d’agréables rayons lumineux entre les cellules », décrit le chef d’entreprise.
Le poids du verre : un avantage pour la fabrication française
Si la Chine continue à dominer le marché du photovoltaïque, un avantage de taille pour les produits vitrages de l’entreprise S’Tile : le poids du verre. « Pendant longtemps, les doubles verres, les laminés, n’intéressaient pas les fabricants chinois. La difficulté pour eux, c’est le coût du transport, parce que des verres d’épaisseur minimum 2x4mm, c’est lourd, 20 kg par m². Les verres float utilisés sont issus de filières courtes car une très grande partie d’entre eux sont disponibles à la production en France et en Europe. »
Pour l’heure, l’usine de 1000 m² n’a pas des capacités de productions très importantes, S’Tile travaille donc en partenariat pour les plus gros volumes et peut traiter des projets de toutes tailles. Alain Straboni envisage d’agrandir son usine dans les prochaines années pour une plus grande production locale lorsque la demande sera au rendez-vous.




