A données comparables, le chiffre d’affaires du Groupe Saint-Gobain s’inscrit en repli de -4,9% en premier trimestre 2020. Malgré un bon début d’année dans les Régions d’Europe et en Amériques, le mois de mars a vu l’impact du coronavirus s’étendre de l’Asie-Pacifique au reste du monde. Les volumes reculent de -5,5% tandis que les prix progressent de +0,6% dans un contexte de faible inflation des coûts de l’énergie et des matières premières.
A données réelles, le chiffre d’affaires s’établit à 9 363 millions d’euros, avec un effet de change de -0,5%, principalement lié à la dépréciation du réal brésilien et des couronnes des pays nordiques. A noter la dépréciation plus marquée sur le seul mois de mars (-2,2%) de ces mêmes devises, ainsi que celle de la livre britannique et d’autres devises dans les pays émergents.
L’effet périmètre de -4,4% du chiffre d’affaires reflète essentiellement les cessions dans le cadre de “Transform & Grow”, avec -11,1% en Europe du Nord (Distribution en Allemagne et Optimera au Danemark), -3,0% en Europe du Sud - Moyen-Orient & Afrique (en France avec DMTP et K par K en distribution et l’activité polystyrène expansé, Glassolutions aux Pays-Bas) et -9,3% en Asie-Pacifique (Hankuk Glass Industries en Corée du Sud). L’effet périmètre traduit également la consolidation de nos positions fortes (Continental Building Products en Amérique du Nord à compter du mois de février), des acquisitions dans de nouvelles niches technologiques ou de services (American Seal), ainsi qu’en pays émergents (gypse et mortiers en Amérique latine). A la suite du classement de l’Argentine en hyperinflation, ce pays, qui représente moins de 1% du chiffre d’affaires du Groupe, a été retiré de l’analyse à données comparables.

Pandémie : “actions locales et coordination mondiale”

« Dans le contexte inédit de la pandémie de coronavirus, Saint-Gobain a su réagir de manière forte et efficace grâce à la nouvelle organisation par pays et marché en articulant actions locales et coordination mondiale. Nos priorités sont claires, déclare Pierre-André de Chalendar, Président-Directeur Général de Saint-Gobain. La première est la santé et la sécurité des collaborateurs du Groupe et autres parties prenantes partout dans le monde. La seconde a été de renforcer la liquidité et la trésorerie du Groupe avec de nouveaux financements, de réduire fortement les projets d’investissements et de contrôler de manière stricte le besoin en fonds de roulement. Doté d’une situation financière solide, le Groupe adapte son outil industriel en réduisant les coûts et en utilisant les mesures mises à disposition par les gouvernements notamment en matière de chômage partiel. Je souhaite avec Benoit Bazin, Directeur Général Délégué, remercier toutes les équipes de Saint-Gobain pour leur engagement, leur réactivité et leur exemplarité. Dans le contexte actuel, le Conseil d’administration a décidé ce jour de ne pas proposer la distribution de dividende à l’Assemblée générale du 4 juin 2020. En fonction de l’évolution de la situation, il réexaminera d’ici la fin de l’année la politique du Groupe en termes de retour aux actionnaires.
Compte tenu de l’impact de la crise économique mondiale liée au coronavirus, le Groupe anticipe un deuxième trimestre 2020 difficile avant un redressement au second semestre. Etant donné l’ampleur des incertitudes actuelles et des processus de reprises très disparates selon les pays, le Groupe n’est aujourd’hui pas en mesure de donner des perspectives de résultats pour l’année 2020. » , ajoute Pierre-André de Chalendar.

La France avait connu un excellent début d’année

L’Europe du Nord se stabilise sur le trimestre à -0,2% grâce à un bon début d’année en janvier et février et à un mois de mars peu impacté par le coronavirus, excepté au Royaume-Uni lors de la dernière semaine.
Les ventes dans les pays nordiques affichent une belle croissance sur le trimestre, y compris au mois de mars, en particulier dans la Distribution qui bénéficie d’un marché de la rénovation dynamique. L’Allemagne et l’Europe de l’Est progressent sur le trimestre et sur le mois de mars, les métiers locaux de la construction étant relativement épargnés hormis le vitrage en fin de mois qui adapte son outil industriel à la moindre demande. Seules les ventes du Royaume-Uni souffrent sur le trimestre avec un recul marqué en fin de période, l’ensemble des activités étant quasiment à l’arrêt.
L’Europe du Sud - Moyen-Orient & Afrique enregistre un repli de -8,9%. Après un bon début d’année en janvier-février, le mois de mars a été affecté par la mise en œuvre des mesures de confinement dans une grande partie de la Région.
La France a affiché une croissance soutenue en début d’année tirée par la dynamique favorable du marché de la rénovation portant la Distribution et les solutions d’efficacité énergétique. Sur le mois de mars, le pays a connu quelques jours d’arrêt après la mise en œuvre du confinement, avant de retrouver un niveau d’activité partiel à partir du 23 mars. L’Espagne, l’Italie, le Moyen-Orient et l’Afrique ont de leur côté vu leur activité être de plus en plus pénalisée par les mesures de restriction mises en place au mois de mars. Seuls les Pays-Bas maintiennent sur le trimestre et sur le mois de mars un niveau d’activité peu affecté par le coronavirus.
Les Amériques affichent un chiffre d’affaires presque stable à -0,5% grâce à un bon début d’année en janvier et février. L’Amérique du Nord bénéficie d’une stabilité des volumes sur l’ensemble du trimestre et d’un effet prix en légère progression dans un marché de la construction dynamique avant impact du coronavirus. Le gypse sur le trimestre enregistre une croissance des volumes à deux chiffres à données comparables. L’intégration de Continental Building Products se passe bien, en ligne avec les attentes, et permet de renforcer considérablement la présence géographique du Groupe. Sur le mois de mars, la plupart des usines sont restées opérationnelles aux Etats-Unis, le secteur de la construction ayant été considéré comme essentiel dans la majorité des Etats. L’Amérique latine a quant à elle enregistré un bon démarrage en janvier-février, avant de voir les marchés de la construction perturbés en mars par la mise en quarantaine de nombreux pays, ou Etats au sein du Brésil, avec un secteur de la construction généralement non autorisé à opérer.
L’Asie-Pacifique enregistre un recul de son chiffre d’affaires de -12,7%.
En tant que premier pays affecté par le coronavirus, l’activité du Groupe en Chine a connu son point le plus bas en février, avant de retrouver début mars l’ensemble de ses capacités productives et être ainsi en mesure d’accompagner l’amélioration progressive de la demande observée tout au long du mois, qui a connu une accélération notable les derniers jours de mars. Ce scénario de reprise a permis aux métiers locaux de la construction d’atteindre dès mi-avril leur niveau de l’an passé. Les autres pays d’Asie ont affiché des perturbations variables, très limitées au Japon et en Corée du Sud, progressivement plus marquées en Asie du Sud-Est. En ce qui concerne l’Inde, après deux mois d’une croissance à deux chiffres soutenue par les solutions de productivité (plâtre et mortiers), le pays est entré en confinement total le 24 mars entraînant une mise à l’arrêt de l’industrie.

Point sur la situation opérationnelle à mi-avril

Dans le respect absolu de la santé et de la sécurité de l’ensemble des collaborateurs et autres parties prenantes, le Groupe vise dans chaque pays la continuité de son exploitation en s’adaptant rapidement à l’évolution de la demande liée à la situation sanitaire et aux décisions gouvernementales locales.
- Solutions de Haute Performance (SHP) : les activités automobiles ont fortement ajusté leur niveau de production et ne produisent, à l’exception de la Chine qui a repris, que de très faibles volumes compte tenu de l’arrêt de leurs clients. Ces activités devraient redémarrer progressivement au fur et à mesure de la reprise de la production automobile. Les activités servant les autres marchés industriels se sont également ajustées mais la plupart des sites restent opérationnels et continuent à servir leurs clients. Après un point bas atteint au deuxième trimestre, l’ensemble de ces activités industrielles devraient progressivement se redresser. Pour leur part, les activités de l’Industrie de la construction et des Sciences de la vie poursuivent leur croissance.
- Europe du Nord : la Région affiche des perturbations très contrastées selon les pays. Si les pays nordiques, l’Allemagne et l’Europe de l’Est, qui ont tous affiché un bon volume d’activité sur le premier trimestre, restent relativement peu perturbés, le Royaume-Uni quasiment à l’arrêt depuis fin mars est en cours de redémarrage.
- Europe du Sud - Moyen-Orient & Afrique : la Région enregistre des perturbations importantes mais avec une tendance à la reprise progressive de l’activité. En France, après quelques jours d’arrêt lors de la semaine du 23 mars destinés à mettre en place de nouvelles procédures opérationnelles et sanitaires, la Distribution a rouvert une majorité de ses points de vente et le niveau d’activité est en amélioration constante, passant de 25% à fin mars à plus de 50% déjà à mi-avril, en ligne avec les activités industrielles. Si l’Italie continue d’être en grande partie à l’arrêt, l’Espagne a redémarré. Les Pays-Bas restent peu affectés tandis que le Moyen-Orient et l’Afrique sont pénalisés à des degrés variables. Après les fortes perturbations du deuxième trimestre, les marchés de la construction devraient montrer une amélioration substantielle.
- Amériques : l’Amérique du Nord fait face à une situation contrastée Etat par Etat, avec un niveau d’activité plus ralenti en avril mais la quasi-totalité des usines peuvent continuer généralement à opérer dans un secteur de la construction souvent qualifié d’essentiel. L’Amérique latine affiche un niveau d’activité d’environ 40% très contrasté selon les métiers et types de marché ; après un coup d’arrêt fin mars, le secteur de la construction remonte en régime au Brésil. Après un deuxième trimestre globalement en recul, les marchés devraient retrouver une certaine normalisation.
- Asie-Pacifique : après avoir redémarré progressivement l’ensemble des sites de production en Chine au mois de mars, les ventes du pays dans la construction ont accéléré et ont retrouvé mi- avril leur niveau de l’année dernière à la même époque. L’Inde reste à l’arrêt. Les autres pays d’Asie enregistrent des perturbations variables, limitées en Thaïlande et au Vietnam. Après un deuxième trimestre difficile hormis en Chine, l’Asie-Pacifique devrait montrer une amélioration substantielle.

Mesures mises en œuvre pour s’adapter face à la pandémie

Depuis le début de la pandémie, Saint-Gobain prend en temps réel toutes les mesures nécessaires pour en limiter le plus possible les effets. La nouvelle organisation par pays et marché, mise en œuvre dans le cadre de « Transform & Grow », apporte l’agilité et la flexibilité requises, avec des décisions rapides prises localement ainsi qu’une coordination internationale partageant l’expérience des différents pays. Les priorités du Groupe sont les la santé et la sécurité des collaborateurs.
Dès le début de cette crise sanitaire en Chine, le Groupe a pris les mesures nécessaires pour préserver la santé de ses employés et autres parties prenantes, en mettant en place les mesures barrières strictes adaptées à ses différentes activités, en encourageant le télétravail partout où cela était possible et en coopérant avec les autorités de chaque pays dans lequel il est implanté.

Le renforcement de la liquidité

Le Groupe bénéficie d’une situation financière très solide en termes de trésorerie et de moyens de financement. Au 31 mars 2020, le Groupe disposait d’un montant de disponibilités et équivalents de trésorerie estimé à 3,8 milliards d'euros, avant prise en compte de l’émission obligataire de 1,5 milliard d’euros fin mars (encaissée le 3 avril). Dans le contexte actuel, les sources de financement du Groupe ont été récemment renforcées :
- Emission obligataire réalisée le 26 mars de 1,5 milliard d’euros : 750 millions d’euros à 3 ans avec un coupon de 1,75% et 750 millions d’euros à 7 ans et demi avec un coupon de 2,375% ;
- Sécurisation d’une ligne de crédit syndiquée d’un montant de 2,0 milliards d’euros, dont 1,0 milliard d’euros tiré pour rembourser l’obligation de même montant arrivant à échéance fin mars, qui s’ajoute aux lignes de crédit de « back-up » confirmées et non utilisées de 4,0 milliards d’euros ;
- Accès au nouveau programme d’achat d’urgence de billets de trésorerie contre la pandémie (« Pandemic Emergency Purchase Program » ou PEPP) lancé par la Banque centrale européenne le 18 mars 2020.

La préservation de la trésorerie

- Adaptation rapide de l’outil industriel (réduction d’équipes ou arrêts) à la demande locale, site par site, grâce à un contact permanent avec nos clients ;
- Réduction des coûts et des dépenses discrétionnaires, utilisation des mesures locales appropriées notamment en matière d’emploi et de chômage partiel, en plus des économies visées en 2020 dans le cadre de « Transform & Grow » ;
- Attention permanente au spread prix-coûts avec une grande discipline en termes de prix ;
- Baisse des investissements industriels en 2020 de plus de 500 millions d’euros par rapport à 2019 ;
- Contrôle strict du besoin en fonds de roulement avec pour objectif de limiter le niveau de stocks
et de suivre quotidiennement les encaissements de créances clients ;
- Suppression du dividende : dans le contexte actuel de pandémie du coronavirus et de recours au
chômage partiel, le Conseil d’administration a décidé ce jour de ne pas proposer la distribution de dividende à l’Assemblée générale du 4 juin 2020. Bien que la liquidité du Groupe ait été encore renforcée récemment, le Conseil d’administration a considéré que cette décision exceptionnelle était dans l’intérêt du Groupe et de ses parties prenantes, compte tenu de l’incertitude sur l’ampleur et la durée de la crise et de la prudence qu’elle impose à ce stade. En fonction de l’évolution de la situation, il réexaminera d’ici la fin de l’année la politique du Groupe en termes de retour aux actionnaires.
Pierre-André de Chalendar, Président-Directeur Général de Saint-Gobain, et Benoit Bazin, Directeur Général Délégué ont souhaité s’associer de manière solidaire aux efforts des collaborateurs du Groupe et de ses parties prenantes qui subissent les effets d’une crise sans précédent. En conséquence, ils ont fait part au Conseil d’administration de leur décision de renoncer à 25% de la rémunération qui leur sera versée en 2020 pour la durée durant laquelle des salariés du Groupe se trouveront en situation d’activité partielle dans le cadre des mesures d’urgence prises par le Gouvernement pour faire face à l’épidémie de coronavirus. Les rémunérations non payées seront données par Saint-Gobain à la Fondation de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP).
L’ensemble des administrateurs a décidé, dans un même mouvement de solidarité, de s’associer à cet effort en renonçant également à 25% du montant de la rémunération qui leur sera due au titre de la même période. Les rémunérations non payées seront données par Saint-Gobain à des organisations caritatives ayant pour objet le soutien à des populations fragiles touchées par le Coronavirus.

Perspectives

Compte tenu de l’impact de la crise économique mondiale liée au coronavirus, le Groupe anticipe un deuxième trimestre 2020 difficile avant un redressement au second semestre. Etant donné l’ampleur des incertitudes actuelles et des processus de reprises très disparates selon les pays, le Groupe n’est aujourd’hui pas en mesure de donner des perspectives de résultats pour l’année 2020.
« Les perspectives à moyen et long terme de Saint-Gobain restent très solides grâce à l’amélioration du profil du Groupe dans le cadre de « Transform & Grow » et à des choix stratégiques payants. La stratégie de différenciation et d’innovation positionne au mieux Saint-Gobain pour bénéficier de ses trois leviers de croissance rentable : aspiration à un développement durable, productivité et confort » indique le Groupe.