De qui se moque-t-on ? Depuis des années que je suis, pour nos lecteurs, l’actualité des crédits d’impôt pour les fenêtres, je pensais avoir tout vu et surtout tout entendu. Et bien non ! Une dernière petite surprise s’est cachée (enfin pas trop) dans les nouveaux barèmes, non pas officiellement publiés par le Ministère, mais édités par son service de presse. Depuis le 5 octobre on retrouve en effet ce superbe “ MaPrimeRénov' pour les nuls”, avec ses tableaux et ses schémas, dans tous les journaux. Mais de texte officiel, pas encore.

Pourquoi je dis que la fenêtre a été humiliée ? Tout simplement parce qu’elle a encore disparu pour les catégories fiscales “dites supérieures”. Le diable se cachait encore dans les détails !

Rappelez-vous, il y a si peu de temps, le 5 septembre dernier, Emmanuelle Wargon, ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du logement, affirmait sur France Info (voir la vidéo ci-dessous) que "tous les Français, à partir de l'année prochaine, seront éligibles à MaPrimeRénov'. Cela dépend des revenus. On aide tous les Français, mais on aide plus ceux qui ont moins", a ajouté la ministre.

Accessible à tous ? Ben non, la catégorie Rose du “nanti” qui gagne à Paris 38 140 euros par an et 29 148 euros en Province n’a pas droit à MaPrimeRénov' s’il veut changer ses fenêtres. Il devra se contenter de 39 euros de CEE par équipement.
Donc, non tous les français n’ont pas droit à MaPrimeRénov'. C’est vrai que quand on gagne 2 429 euros par mois (donc pas de prime) on a les moyens de mettre du triple vitrage et des couches ultra performantes avec des profilés haut de gamme ! Et quand on gagne 1 240 euros par mois (catégorie fiscale la plus aidée), toucher 100 euros par fenêtre va précipiter les consommateurs vers ces mêmes fenêtres à fortes performances thermiques ! 

In fine, et c’est le fond de ma pensée, MaPrimeRénov' va surtout indirectement aider les menuiseries d’entrée de gamme, performantes à minima. Heureusement qu’il existe les CEE qui ajouteront un peu de beurre à la sauce mais la casserole n’est pas prête de déborder !
Bref, une fois de plus, déception et cette fois les industriels de la fenêtre devront se contenter d’une chose : que le mot “paroi vitrée” soit dans la même famille vertueuse que les poêles à granulés de bois et les chauffe-eaux solaire. C’est toujours mieux de que d’être traitées de “non-efficientes” par un ministre cathodique !

En fait, les professionnels de la fenêtre vont finir par se moquer que leurs produits soient ou ne soient pas indirectement aidés par l’argent public. Les consommateurs ne sont pas si niais, ils savent bien qu’une bonne fenêtre les protègera et leur fera économiser de l’énergie. Et la ruée actuelle sur les menuiseries par des Français qui ont passé une partie du printemps derrière leurs carreaux en est le plus bel exemple !

Frédéric Taddeï - directeur de la publication.