En écrivant à Emmanuel Macron une “lettre ouverte” (lire en page 12 de notre dernier numéro), Bruno Cadudal, président, et Cécile Sanz, vice-présidente de l’UFME, n’ont fait que transmettre au Président de la République des éléments de bon sens qui, à force d’être répétés à tous les vents depuis des lustres (nos éditoriaux ont participé à ce concert), ont fini par se perdre dans les méandres des ministères, officines publiques et autres entités dont le mantra semble se résumer à la chaudière à granulés de bois.
Alors que faire, que dire ? Comment arriver à convaincre tout en haut que, tout en bas, une fenêtre sert à autre chose que dépenser du Glassex pour nettoyer ses vitres !
Je sais qu’il est de bon ton, pour certaines administrations, de minimiser l’impact réel des parois vitrées en matière de rénovation énergétique. Alors, effectivement, bétonner les fenêtres et en faire des parois “opaques-ouvrantes” résoudrait à coup sûr le problème de la déperdition, mais pas vraiment celui des apports solaires et de la vitamine D qu’il faudra donc prendre en ampoules au petit-déjeuner avec un apport solaire de zéro, proche des nuits boréales !

La fenêtre est peu soutenue par l’État mais elle est fortement plébiscitée par les Français… un peu comme les agriculteurs en fait, qui eux, ont rapidement eu gain de cause.

Bon, on ne va pas ressasser à nouveau l’importance de la fenêtre dans les travaux de rénovation énergétique mais plutôt constater (encore une fois) que les gens sont bien plus intelligents que ceux qui pensent leur vouloir du bien. Deux chiffres pour illustrer ce fossé entre “moi devant ma fenêtre” et l’“inspecteur DPE” obsédé par les murs et le plancher de mon appartement équipé de fenêtres arborant fièrement un coefficient UW plus proche de zéro que de 2 :
Premier chiffre : 5 %, c’est le taux moyen de prise en charge du remplacement des fenêtres par MaPrimeRénov’.
Deuxième chiffre : 61 %, c’est le pourcentage des propriétaires occupants qui ont remplacé leurs fenêtres lors de rénovations globales (MaPrimeRénov' Sérénité, 2e semestre 2022).
Donc, la fenêtre est peu soutenue par l’Etat mais elle est fortement plébiscitée par les Français… un peu comme les agriculteurs en fait, qui eux, ont rapidement eu gain de cause. La REP empêchant les menuisiers, qui sont des gens posés, d’aller déverser des tombereaux de fenêtres déconstruites sur les grilles des préfectures, que leur reste-t-il pour convaincre ?
Écrire au Président, c’est une action forte et symbolique, mais c’est aussi se joindre aux alarmes grandissantes de la FFB et de la Capeb au sujet de la filière logement-construction. Des alarmes qui demandent que cette filière soit enfin prise à son juste niveau alors que la France est restée sans ministre du Logement des semaines entières après la formation du dernier gouvernement Attal !
Donc “Fenêtre ou ne pas être…” telle est la question, non pas cornélienne mais shakespearienne, que doit se poser la filière et notamment le Pôle Fenêtre FFB au sein duquel, au passage, les syndicats du verre plat devraient vraiment faire leur retour. Ne serait-ce que pour prouver à l’Anah et à l’Ademe qu’on ne pose pas une fenêtre sans son vitrage… avec MaPrime or not MaPrime !