Une simplification des calculs est incontournable pour accompagner l’ensemble des professionnels de la filière de la menuiserie extérieure ! Tel est la position que vient de prendre officiellement l’Ufme au sujet de la RT 2012. Nous avons interviewé à ce sujet Philippe Macquart, délégué général de l’Ufme, qui considère que le respect des critères de la RT 2012 est tout simplement inapplicable.
Le syndicat des fenêtres et portes extérieures multi-matériaux s’inquiète en effet de ce qu’il considère comme « des dérives » que peut entraîner le calcul des coefficients caractéristiques, fenêtre à fenêtre, pour tous les corps de métiers du secteur de la menuiserie extérieure… de la fabrication à la pose.


Verre & Protections : Vous avez fait paraître dans plusieurs médias une tribune libre intitulée “Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?”. Elle est si compliquée, la RT 2012 ?
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Philippe Macquart : « Depuis de nombreuses années, les coefficients thermo-optiques des fenêtres sont calculés par gamme (c’est-à-dire pour un ensemble de fenêtres de même système), et les menuiseries marquées NF peuvent répondre parfaitement aux cahiers des charges des constructions BBC, aujourd’hui RT 2012, HQE et autres labels.
Alors que ce principe de calcul forfaitaire convenait parfaitement, aujourd’hui la RT 2012 impose aux professionnels des méthodes très compliquées pour calculer tous les coefficients physiques fenêtre à fenêtre !
Au travers de règles de calcul Th-Bât et d’un logiciel thermique d’application, la RT 2012 contraint les industriels à renseigner 18 paramètres différents pour chaque baie vitrée… Imaginez le nombre de paramètres à saisir !
Par exemple, en ne prenant en compte que les 30 % de fenêtres destinées au neuf sur un marché national estimé à 10 millions d’unités, il faudrait donc saisir 56 millions de données, soit six fois plus qu’auparavant !
Ceci représenterait un travail à la fois vain et colossal. Et malheureusement, dans ce secteur qui subit une crise économique majeure, des plans sociaux de licenciements collectifs sont mis en place régulièrement et on va demander à des industriels bataillant pour sauvegarder l’emploi de leurs salariés, de monopoliser leur personnel à la saisie et au calcul de ces données plutôt que de s’attacher à pérenniser leur activité ? »

Vous ne découvrez tout de même pas les “subtilités” de la RT 2012 que début 2013 !

« C’est vrai, mais peut-être avons-nous fait une erreur ? Peut-être serait-il plus pertinent de calculer le Uw et les 17 autres paramètres fenêtre à fenêtre, plutôt que d’utiliser les valeurs forfaitaires seules (Uw, Sw, TLw) ? Afin de répondre à cette question objectivement et en toute indépendance, l’Ufme a commandé au cabinet de calcul Tribu Energie une étude comparative. Objectif : quantifier les écarts entre les valeurs de Bbio et de Cep calculées, d’une part en appliquant stricto sensu la réglementation, et d’autre part en considérant des valeurs forfaitaires issues d’Avis techniques (ou DTA) ou des certificats NF.
Les conclusions de cette étude sont claires :
• En maison individuelle, les écarts calculés ne sont pas significatifs : inférieurs à 1,2 point de Bbio et 0,6 kWhep/m²/an sur les consommations.
• En immeubles collectifs, les écarts restent faibles et le calcul sur la base de valeurs forfaitaires conduit systématiquement à des estimations légèrement plus défavorables que celles à dimension : écart de 4,2 points de Bbio et 2,5 kWhep/m²/an dans le pire des cas ».

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Mais cette étude ne montre-t-elle pas au contraire qu’en simplifiant les calculs on dégraderait les performances du bâti ?

« C’est tout le contraire. Les résultats de cette étude confortent au contraire notre position : les performances énergétiques des bâtiments construits sur la base de valeurs forfaitaires pour l’étude thermique réglementaire ne seront pas dégradées par une simplification des calculs, la mise en œuvre des menuiseries extérieures étant très certainement bien plus critique dans les performances finales ! Il est donc urgent de s’appuyer sur une méthode de calcul basée sur des valeurs simplifiées, disponibles et contrôlées ».

Que préconisez-vous à vos adhérents de faire ?

« Afin de respecter la RT 2012, nous préconisons à nos adhérents et aux professionnels de la menuiserie extérieure de ne prendre en compte pour les calculs réglementaires que les seules valeurs forfaitaires issues des avis techniques ou certifiés (dans le cadre de marquages Acotherm ou NF Fenêtres et Blocs baies PVC Aluminium RPT ou NF Fenêtres Bois et Portes extérieures). Objectif de cet aménagement : faciliter nettement la tâche des industriels et des bureaux d’études et ainsi favoriser l’application de la RT 2012 !
Cet aménagement apportera certainement plus de fiabilité que l’utilisation des valeurs déclarées, certes à dimension, mais sans aucun contrôle extérieur. Il est bien entendu toujours possible d’effectuer un calcul détaillé à dimension, lorsque cela est nécessaire pour respecter le Bbio max et Cep max.
Ce calcul n’étant plus effectué de manière systématique, les bureaux d’études, déjà bien en mal d’intégrer toutes les nouvelles notions apparues dans la RT 2012, verront leur charge de travail allégée !
Cette préconisation, nous en sommes certains, devrait remporter le soutien des cabinets de calculs thermiques, qui y verraient un moyen de simplifier l’ensemble de leurs études tout en obtenant un résultat conforme à la RT 2012.
Dans le cadre de notre mission, nous nous devons d’accompagner nos adhérents pour qu’ils puissent répondre au mieux aux impératifs de la RT 2012, tout en les aidant à s’adapter aux méthodes préconisées et à se protéger des impacts de l’application de ces mesures sur leurs activités. En ces temps de crise économique, nous ne pouvons fermer les yeux » !