Lorsque j’ai découvert le partenariat entre Veka, Mercier-David et le lycée professionnel de Raon-L’Étape dans les Vosges, j’ai cru à une erreur. La section Menuiserie Aluminium Verre de ce lycée vosgien n’accueille seulement que… quatre élèves en Terminale Bac Pro et trois en 1re Bac Pro !
Au même moment, j’apprenais le projet de démantèlement du lycée Lucas de Nehou*, l’école du verre et de la menuiserie de Paris (5e) où bon nombre de nos lecteurs ont d’ailleurs été formés. L’idée de transférer vers d’autres établissements les élèves des disciplines Miroiterie et Menuiserie Aluminium Verre en dit long sur cette méconnaissance de la notion d’appartenance à un corps de métier, une filière, bref une forme de compagnonnage. Travaillant historiquement dans un même lycée professionnel, les futurs miroitiers et menuisiers vivaient au quotidien cette appartenance à la “famille” de l’enveloppe du bâtiment. Et pour eux, que va-t-il se passer ? Un haut fonctionnaire va les “diluer” vers d’autres lycées où ces futurs forces vives de vos professions auront l’immense privilège de se retrouver avec de futurs boulangers, webmasters et maroquiniers, des profils des plus nobles bien entendu, mais aux contacts bien moins riches que l’émulation qui règne au lycée Lucas de Nehou. Et après, on nous parlera de l’importance des métiers du bâtiment dans notre société, alors que l’on n’est même pas capable de maintenir, au cœur de la Capitale, un haut lieu de la formation des verriers et des menuisiers !

Le futur, c’est aussi être miroitier ou menuisier sur un chantier de Dubaï et influenceur planétaire depuis le fond de la (très belle) campagne limousine !

Je reviens à mes sept élèves du lycée professionnel de Raon-L’Étape : alors que la demande est forte dans la menuiserie partout en France, et pas seulement en Vendée, mais aussi dans les Vosges, pourquoi l’Éducation Nationale (et derrière elle, les entreprises), n’arrivent-elles pas à attirer suffisamment de jeunes Français vers les chantiers, les usines et les métiers de cette industrie 5.0 qui se dessine pourtant dans le bâtiment ? Pourquoi avec 12,9 % (source Insee) de jeunes de 15 à 29 ans qui sont actuellement ni en emploi, ni en études, ni en formation, se trouve-t-on face à de telles situations ? 12,9 %, ça fait 1,5 million de filles et de garçons qui manquent à l’appel. Sérieusement, étant obligés de naturaliser des migrants afin de remédier aux manques de main-d’œuvre (vous le savez, je suis un fervent partisan de leur intégration en France via la formation et le travail), n’y a-t-il pas un truc qui cloche ? Comme un blocage à tous les niveaux de notre société ? Aujourd’hui le Graal serait-ce donc d’être influenceur à Dubaï plutôt que miroitier ou menuisier à Limoges ? Alors qu’on sait très bien que l'avenir, le futur et, déjà-même, le présent, c’est aussi être miroitier ou menuisier sur un chantier de Dubaï et influenceur planétaire depuis le fond de la (très belle) campagne limousine !

*Pétition en ligne sur www.change.org