« Jusque là, le dispositif était surtout utilisé par des ménages aisés, avec donc peu d'effets vraiment déclencheurs et un rapport coût efficacité assez mauvais sur certains travaux, notamment les fenêtres », voici la “peu inspirée” réaction du cabinet du premier ministre lorsque les journalistes le questionnent au sujet de l’arbitrage qui vient de trancher : définitivement pas de fenêtre dans le CITE en 2019. En dehors du fait qu’elle traduit la méconnaissance des cabinets ministériels vis à vis du sujet (ils ne sont pas non plus censés tout connaître), cette réaction symbolise parfaitement, selon moi, le fait que le combat était un peu perdu d’avance.

En effet, à la veille où les “gilets jaunes” risquent de bloquer les routes de France, le gouvernement Macron-Philippe a concentré ses actions sur d’autres aides comme la prime à la conversion pour l’achat de véhicules moins consomateurs et compenser la hausse de la fiscalité sur les carburants ou la fin des chaudières au fioul.

Le moment ne pouvait donc pas être plus mauvais pour la fenêtre et sa réintégration dans le CITE. Et ce qui, hélas, devait arriver ... est arrivé : après la promesse faite par François de Rugy de déposer l'amendement à l'article 57 du projet de loi de Finances 2019, ce jeudi matin 15 novembre, le premier Ministre a dit “Non” et a donc arbitré contre le retour de la fenêtre dans le CITE. 

Le bon côté des choses : la filière fenêtre en parlant d’une seule voix à (presque) convaincu tout le monde

Je l’ai écrit dans mon éditorial de notre édition spéciale Equipbaie : la plus grande et la vraie victoire dans cette longue et triste affaire du CITE réside dans la solidarité dont a fait preuve toute la filière fenêtre dans son périmètre le plus élargi et le plus uni qu’il soit. Avec comme chefs de file, les très efficaces Jacques Chanut, président de la FFB et Alain Maugard, président de Qualibat, tout ce qui pouvait être fait pour convaincre les autorités de prendre à nouveau en compte la paroi vitrée dans le CITE aura vraiment été fait !

Pour 2019, c’est donc terminé. Les professionnels de la filière fenêtre vont donc concentrer leurs efforts pour essayer que la prime prévue en 2020 concerne aussi la paroi vitrée. Si les efforts collectifs avaient réussi à convaincre une majorité d’interlocuteurs politiques (sauf certains !), peut-être peut-on espérer que ces dernier fassent preuve, en 2020, de plus de cohérence vis à vis d’une fenêtre qui vient de vivre une bien triste séquence. Si on avait voulu tuer le RGE, indiquer aux consommateurs que les fenêtres bon marché et bas de gamme leur suffisaient, on ne s’y serait pas mieux pris !!! En attendant, les français vont pouvoir chauffer à fond leurs maisons avec leurs nouvelles chaudières à bois et laisser le froid entrer par leurs fenêtres que Nicolas Hulot considérait comme “peu efficientes” ! Un gâchis pour les gens qui souhaitaient investir intelligemment dans leurs fenêtres et un gâchis pour un secteur industriel qui embauche, investit et travaille en R&D à trouver des solutions vertueuses pour l’environnement.

Frédéric TADDEI, Directeur de la Publication Verre & Protections Mag