Bercy vient de le confirmer ce mercredi 4 juin. Le ministre de l'Économie, Éric Lombard, vient en effet d'annoncer la suspension de MaPrimeRénov'. Il a toutefois indiqué vouloir rétablir ce dispositif d'aide à la rénovation énergétique "avant la fin de l'année".
« Il y a à la fois un encombrement en ce moment et un excès des fraude d’où la suspension », a déclaré Éric Lombard lors des questions au gouvernement au Sénat ce mercredi. « Une fois que cela sera réglé, le processus pourra continuer, le gouvernement a bien l’intention de rétablir le fonctionnement avant la fin de l’année » a ajouté le Ministre.
Important : Bercy nous a confirmé que : "L'instruction et le paiement des dossiers se poursuivent normalement".
Valérie Létard, ministre chargée du Logement, confirme le succès de l’aide MaPrimeRénov’, la sanctuarisation du budget dédié, et précise les mesures envisagées par le Gouvernement pour la bonne gestion et la poursuite de ce dispositif
Dans un communiqué, Valérie Létard, ministre chargée du Logement, indique que "L’aide MaPrimeRénov’ vise à soutenir les ménages français dans la rénovation énergétique de leur logement. Elle connaît une très forte dynamique depuis la fin de l’année 2024. Ce succès témoigne des attentes et des besoins importants des Français pour améliorer le confort thermique de leurs logements et diminuer leurs factures énergétiques, et permettra de mobiliser pleinement le budget de près de 3,6 Md€ sanctuarisé dans la loi de finances pour 2025. Ce succès, couplé au retard d’adoption de la loi de finances, a conduit à un allongement des délais d’instruction dans plusieurs territoires. Si les délais de paiement restent constants, les délais pour répondre aux demandeurs ont en effet augmenté d’un mois en moyenne.
Ce succès s’accompagne aussi d’une augmentation de la fraude. La loi de Thomas CAZENAVE, adoptée en mai 2025 et en attente de promulgation, va permettre à l’Etat de développer de nouveaux outils pour mieux la détecter et punir les délinquants. En 2024, 229 M€ ont déjà été évités, mais de nouveaux montages sont apparus et nécessitent d’adapter les processus d’instruction des dossiers.
Face à cette situation, le Gouvernement souhaite agir rapidement, en lien étroit avec les professionnels du secteur et les parlementaires. La Ministre chargée du Logement précise que le calendrier de travail d’ici l’été s’appuiera sur le ralentissement traditionnel de l’activité lors de la période estivale pour mettre en œuvre les nouveaux outils de lutte contre la fraude dans les procédures d’instruction des dossiers.
Cela impliquera la fermeture temporaire cet été des dépôts des dossiers pour la rénovation globale individuelle et pour les travaux individuels d’isolation ou de changement de système de chauffage. Les dossiers de rénovation des copropriétés ne sont pas concernés.
D’ici la fin du mois de septembre 2025, les dossiers de rénovation globale et de travaux individuels sans distinction pourront être de nouveau déposés, dans un cadre ajusté qui garantira visibilité, rapidité et fiabilité pour les ménages et les entreprises. Dans l’intervalle, les dossiers non frauduleux déposés avant la fermeture seront instruits et payés dans les meilleurs délais, et une démarche d’accélération de l’instruction sera mise en place.
La Ministre réunira prochainement les professionnels, les collectivités et les parlementaires pour convenir avec eux des modalités opérationnelles de cette meilleure gestion du dispositif", conclut la Ministre.
Rappelons que dans un un article publié le 3 juin dernier, notre confrère Le Parisien indiquait que le gouvernement prévoyait d’“interrompre la principale aide à la rénovation dès juillet et au moins jusqu’à la fin de l’année”. Les crédits prévus pour l’ensemble de l’année 2025 seraient déjà intégralement utilisés.
Verre & Protections Mag avait alors contacté Valérie Létard, ministre du logement et de la rénovation urbaine, dont les services nous avaient répondu en six points:
1. "On a effectivement une forte dynamique sur la rénovation d'ampleur, ce qui est une bonne nouvelle".
2. "Cet afflux de dossiers couplés au retard d'adoption du PLF entraîne une surcharge des services instructeurs et un allongement des délais d'engagement. L'Anah expérimente un appui complémentaire des services instructeurs".
3. "On observe également un niveau élevé de fraude qui n'est pas satisfaisant et le Gouvernement entend se saisir des outils permis par la PPL Cazenave".
4. "Nous préparons des annonces en ce sens courant juin pour mieux gérer l'afflux de dossiers et détecter les fraudeurs en amont".
5. "L'instruction et le paiement des dossiers se poursuivent normalement".
6. "Pour 2026, les arbitrages seront rendus courant juillet".
Réaction de la FFB : “inacceptable ! Ménages abandonnés, entreprises et emplois menacés"
"Après le blocage budgétaire de début 2025, voilà maintenant le spectre d’un gel total de MaPrimeRénov’ pour le second semestre. C’est incompréhensible et inadmissible !
La FFB s’y oppose avec force : un tel gel casserait la dynamique de décarbonation engagée, désorganiserait les entreprises du bâtiment et découragerait les ménages. C’est tout l’écosystème de la rénovation énergétique qui serait réduit à néant. Encore une fois, l’instabilité frappe. Le cap fixé depuis le Grenelle de l’environnement en 2007 est en péril, finie la transition énergétique !", déclare la FFB
Olivier Salleron, président de la FFB alerte :« On ne peut pas appeler à accélérer la rénovation énergétique et, dans le même temps, saboter un des seuls outils qui fonctionne ! Il faut choisir. Pérenniser MaPrimeRénov’, c’est restaurer la confiance, redonner du pouvoir d’achat aux plus modestes. Le gouvernement ne peut pas tergiverser sur un tel sujet, 100 000 emplois se trouvent menacés et la colère gronde !».
Réaction : la CAPEB alerte sur un nouveau coup dur pour les entreprises artisanales du bâtiment et la transition énergétique
La suspension des crédits alloués à MaPrimeRénov’, si elle devait prochainement s’avérer exacte, cette nouvelle susciterait la plus grande incompréhension de la CAPEB puisqu’à ce jour, seul 1,3 milliard de crédits a été engagé.
Il s’agirait d’un nouveau coup dur pour nos entreprises, dont l’activité est déjà en berne, qui s’étaient projetées sur le développement du marché de la rénovation énergétique. Pareille décision obéirait à une logique de court terme strictement budgétaire de la part du Gouvernement, ignorant l’ensemble des retombées économiques, sociales et fiscales du marché aidé de la rénovation énergétique et incompatible avec la nécessité de répondre aux besoins de nos concitoyens, aux objectifs environnementaux et à la crise que traverse l’artisanat du bâtiment.
Un dispositif déséquilibré et soumis aux aléas budgétaires
Depuis l’an dernier, le choix a été fait de privilégier les rénovations d’ampleur. Or, ces rénovations sont beaucoup plus coûteuses – donc plus consommatrices d’aides publiques – et plus attrayantes pour les fraudeurs, à la différence des mono gestes qui ont été réintroduits dans le dispositif grâce à la forte mobilisation de la CAPEB. Certains acteurs ont su tirer profit du système en adaptant leurs offres au plafond maximal de la prime, entraînant une surfacturation, avec pour conséquence un étranglement budgétaire du dispositif, un emballement du nombre de dossiers aux montants excessifs, ainsi qu’un effet d’éviction des ménages modestes et des artisans locaux.
Au regard de la situation, la CAPEB déplore l’absence de programmation sur plusieurs années d’un tel dispositif et juge nécessaire de plafonner les montants pour éviter qu’une minorité de dossiers de montants très élevés n’absorbent la majorité des crédits. Elle continue de plaider pour la mise en place d’un parcours de travaux* sur plusieurs années. La rénovation globale serait ainsi accessible avec la réalisation d’une succession de mono gestes moins onéreux et le versement d’aides publiques au fur et à mesure avec une bonification en fin de parcours, limitant de fait sensiblement l’intérêt de la fraude.
Des conséquences très lourdes pour les petites entreprises
La suspension brutale de MaPrimeRénov, principal outil de soutien des travaux de rénovation énergétique constituerait un véritable coup de massue pour les entreprises artisanales du bâtiment, déjà fragilisées par une conjoncture économique tendue. Au premier trimestre 2025, le volume d’activité des entreprises artisanales du bâtiment recule depuis 8 trimestre consécutifs (-5 % par rapport au premier trimestre 2024). Notre secteur s’enfonce dans une crise structurelle.
Les entreprises artisanales du bâtiment qui se trouvent déjà confrontées à des délais de traitement administratif souvent excessifs, verraient leurs chantiers suspendus, leurs trésoreries déstabilisées, leurs capacités d’investissement gelées et leurs carnets de commandes lourdement impactés par cette interruption précipitée du dispositif. Pour un tissu artisanal composé majoritairement de TPE ancrées localement, cette rupture menace directement l'emploi de proximité, l'activité économique des territoires et les objectifs nationaux en matière de rénovation énergétique.
Une décision qui serait incompréhensible
La CAPEB fait observer que le budget MaPrimeRénov’ engagé est aujourd’hui de 1,3 milliard et que seules 100 000 rénovations énergétiques sont engagées à ce jour sur une capacité de 300 000. Il serait plus que regrettable que la transition énergétique, essentielle pour les ménages comme pour la planète, soit une variable d’ajustement budgétaire.
« Les artisans attendent maintenant des garanties claires sur le maintien de ce dispositif et la détermination de l’Etat à le renforcer en organisant une répartition des fonds avec pragmatisme. Ils veulent savoir si les dossiers déposés jusqu’au 30 juin 2025 seront effectivement tous réglés. Ils s’interrogent aussi sur l’avenir : S’agirait-il d’un simple gel temporaire ou d’une refonte complète du dispositif en 2026 ? Les entreprises artisanales du bâtiment ont besoin de visibilité et de stabilité, en particulier dans ce contexte économique compliqué où leur activité et leur trésorerie sont fragilisées », déclare Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB.
Le parcours travaux proposé par la CAPEB
1 Un client souhaite réaliser des travaux. Un premier geste de travaux répond à cette demande initiale.
Exemple : isolation de combles ou changement de chaudière.
2 Un parcours de travaux est proposé au client.
3 Un audit énergétique est réalisé pour prioriser les travaux à réaliser et prévoir les interfaces entre les différentes étapes de réalisation des travaux.
Exemple : isolation de la toiture qui va descendre suffisamment afin d’isoler la surface des murs « cachés » par le toit.
4 Un 2ᵉ geste est réalisé, venant constituer un premier bouquet de travaux (geste 1 + geste 2).
Exemple : travaux d’isolation des combles avec la ventilation.
5 Lors de la réalisation du 2ᵉ geste de travaux, une bonification de l’aide par les CEE, en lien avec le 1er bouquet de travaux, est réalisée.
Exemple : en cas d’isolation des combles et d’installation de la ventilation, la bonification interviendra sur la réalisation de la ventilation.
6 Puis, un 2ᵉ bouquet de travaux est réalisé avec une bonification financée par les CEE.
Exemple : Bouquet 1 = isolation combles + ventilation / Bouquet 2 = pose menuiseries + isolation thermique des murs
7 Réalisation d’un 3ᵉ bouquet de travaux ou d’un dernier geste de travaux, et bonification des aides par les CEE à la fin de ce parcours.
Exemple : Bouquet 3 = isolation des planchers bas et mise en place d’une PAC.
Intercommunalités de France “demande des explications”
Les élus des intercommunalités, pleinement engagés dans la rénovation énergétique des logements, "expriment leur vive inquiétude à la suite des révélations par la presse d’un gel du dispositif MaPrimeRénov’ au cours de l’année 2025. Nombreuses à accompagner quotidiennement les ménages et les entreprises locales dans les opérations de rénovation, les intercommunalités exigent des explications du Gouvernement dans les meilleurs délais. Déjà amputé d’une partie de ses crédits en 2024, passant de 4,5 à 2,3 milliards d’euros, le dispositif MaPrimeRénov’ qui accompagne les ménages dans leurs travaux de rénovation énergétique pourrait à nouveau être remis en cause en 2025, selon les révélations de la presse. Les intercommunalités, au travers de leurs plans locaux de l’habitat, leurs maisons de l’habitat, leur implication dans les comités régionaux de l’habitat et de l’hébergement… sont pleinement mobilisées et en contact direct avec les Français et les petites et moyennes entreprises du BTP pour les accompagner dans l’effort de rénovation énergétique des logements, indispensable à l’atteinte des objectifs climatiques de la France. Intercommunalités de France souhaite disposer dans les meilleurs délais de l’ensemble des informations sur les intentions du Gouvernement concernant l’avenir du dispositif MaPrimeRénov’, ne serait-ce que pour donner des perspectives tangibles aux millions de Français en attente de travaux de rénovation".
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