Le gouvernement a diffusé un projet de décret et d’arrêté définissant les conditions de redémarrage de MaPrimeRénov’ – rénovation d’ampleur et prorogeant l’ensemble du dispositif sur 2026. Grâce aux textes soumis au Conseil National de l’Habitat ce jeudi 4 septembre, la réouverture pourrait avoir lieu quelle que soit la situation du Gouvernement à ce moment-là (sauf, bien sûr, si un nouveau Gouvernement prenait une décision différente). Pour rappel, seulement 13 000 nouveaux dossiers pourront être déposé entre le 30/09 et le 31/12 avec une priorisation sur les ménages les plus précaires. La répartition de ces 13 000 dossiers se fera dans chacun des 180 territoires de gestion au-prorata des objectifs de l’année 2025. Les guichets pour le parcours par geste (monogestes) et copropriétés restent également ouverts, sans modification.
Quelles évolutions comportent les textes réglementaires soumis à l’avis du Conseil National de l’Habitat le 04 septembre ?
A titre principal, les textes réglementaires mettent en œuvre les annonces de la ministre du logement le 22 juillet dernier lors de sa réunion de concertation avec l’ensemble des acteurs, élus et collectivités à savoir :
- Le recentrage de la rénovation globale sur les logements E, F et G ;
- La baisse des plafonds de travaux (30 et 40 000 euros respectivement pour les sauts de 2 et 3 classes) ;
- La fin du bonus de sortie de passoires ;
A titre secondaire les textes actent la prolongation des monogestes en 2026. En effet sans ces textes, au 1er janvier 2026, les monogestes ne seraient plus éligibles à MaPrimeRénov’. C’est une avancée que Valérie Létard, ministre du logement, a obtenue pendant l’été, pour donner le maximum de visibilité au secteur, comme l’a toujours défendu la Ministre. Cette prolongation s’accompagne d’un recentrage sur les gestes financés, de sorte à tenir compte des arbitrages budgétaires à date : l’isolation est maintenue mais seulement pour les combles et le sol, et le chauffage biomasse est maintenu pour les poêles à bois / à granulés dont le prix les rend accessible aux ménages modestes. En fonction des échanges budgétaires au Parlement, du budget accordé à la fin des débats à MaPrimeRénov’, et des choix politiques du Gouvernement des prochains mois, il sera bien sûr possible de modifier ces recentrages.
Les services de Valérie Létard nous ont précisé que ces choix, effectués assez tôt par rapport au début de l’année 2026 ont pour vocation de donner de la visibilité à la filière. L’alternative aurait été d’attendre pour tenir ces débats sur la prolongation des monogestes et la sélection des monogestes éligibles, au risque de ne pas prolonger les monogestes. Pour mémoire la dernière décision de ce type avait été prise le 3 décembre 2025 le jour du vote de la motion de censure contre le précédent gouvernement et à quelques jours du début de l’année.
Quel sera le budget de MaPrimeRénov’en 2026 ?
La ministre du logement a obtenu du Premier ministre un accord pour que le budget de l’Anah en 2026 soit maintenu au niveau de 2025, soit environ 4,6 milliards d'euros. L’Anah finance de nombreux dispositifs : MaPrimeAdapt’, MaPrimeRénov’, la rénovation des copropriétés dégradées… pour n’en citer que quelques-uns.
Dans cet ensemble, le budget de MaPrimeRénov’ occupe une part importante, à environ 3,6 milliards d'euros. Ce montant sera maintenu en 2026. La part de financement de l’Etat sera déterminée au regard de l’augmentation de la part de financement par les CEE, qui s’applique depuis juin dernier.
Ces décisions sont évidemment soumises à la validation du Parlement et au vote d’un budget pour 2026.
La réaction de la FFB : "la politique de la rénovation énergétique sacrifiée !"
« La FFB ne peut pas se réjouir de cette annonce. De fait, cette apparente bonne nouvelle masque un violent rabotage. D’une part, l’aide aux rénovations d’ampleur se trouverait limitée aux logements des classes DPE E-F-G, avec un fort abaissement. D’autre part, l’isolation des murs et l’installation de chaudières biomasse se trouveraient exclues de l’aide aux monogestes en 2026».
Olivier Salleron, président de la FFB, s’alarme : « La politique énergétique de la France est sacrifiée sur l’autel de Bercy ! Le projet de révision ne pourra que casser définitivement le marché de la rénovation énergétique en France, déjà à la peine depuis la mi-2024. Comment les ménages, mais aussi les artisans et entrepreneurs du bâtiment pourraient-ils comprendre la répétition de tels virages à 180 degrés ? Les cartons rouges des adhérents de la FFB risquent d’être ressortis en cas de publication de ces textes ! ».
La réaction de l'AIMCC
L'AIMCC réagit aux annonces de restriction et appelle maintenir un cadre stable, cohérent et incitatif pour accompagner massivement la rénovation énergétique des logements.
"Nous venons de prendre connaissance de changements concernant le périmètre des travaux éligibles aux aides dans le cadre des gestes uniques. Ces changements fragiliseraient des filières industrielles et vont à l'encontre de l'urgence climatique et des objectifs de massification de la rénovation énergétique.
Ces modifications représentent effectivement des restrictions importantes :
1. Exclusion des travaux d’isolation des murs (ITE/ITI) (représentait plus de 10% des demandes)
o L’isolation constitue l’un des leviers les plus efficaces pour réduire durablement les consommations d’énergie.
o Écarter ces gestes du périmètre des aides envoie un message contradictoire avec l’objectif national de rénovation énergétique et de lutte contre les passoires thermiques.
o Les ménages modestes, qui comptaient sur ces soutiens financiers pour engager des travaux lourds, seront directement pénalisés.
Ainsi l’AIMCC est contre cette mesure.
2. Suppression du soutien aux chaudières biomasse
o La décision d’exclure les chaudières biomasse, qu’elles fonctionnent au bois ou aux granulés, envoie un signal négatif au marché comme aux ménages.
o Le bois-énergie est une énergie renouvelable locale, qui contribue à réduire la dépendance aux énergies fossiles et à limiter les émissions de CO₂.
3. Décalage de certaines obligations au 01/01/2027
o Le report de l’exclusion des logements F et G, et de la fourniture d’un DPE ou audit, témoigne d’un manque de cohérence dans la stratégie.
Conséquences pratiques :
• Risque de report ou d'abandon de projets de rénovation par les ménages
• Contradiction avec les objectifs de rénovation énergétique du parc immobilier
• Pression financière accrue sur les propriétaires, notamment ceux aux revenus modestes
• Fragilisation des filières industrielles et artisanales engagées dans la transition écologique.
Conclusion : Ces ajustements successifs brouillent la lisibilité du dispositif et fragilisent la confiance des particuliers comme des professionnels.