Les menuiseries extérieures constituent aujourd’hui un élément central de la performance du bâtiment. L’émergence et le développement des réglementations thermiques ont fortement impacté leurs caractéristiques. Au-delà de leur fonction première (éclairage et ventilation des locaux), elles doivent aujourd’hui répondre à des exigences d’efficacité énergétique, assurer une étanchéité à l’air et à l’eau tout en garantissant sécurité, confort, acoustique et qualité d’usage.
Au vu de la sinistralité qui les affecte, l'Agence Qualité Construction et la DHUP ont souhaité réaliser une analyse précise d’un échantillon de rapports d’expertise traités au cours de l’année 2017 afin de comprendre les origines des désordres pour mieux les éviter.
Elle concerne les menuiseries de tous matériaux constitutifs : PVC, aluminium, bois, mixtes.

Photo : Effets de la rétention d’eau sous l’isolant en technique d’ITE (©: Saretec)

Plus de 600 rapports d’expertise analysés au cours de l’année 2017

Ce document de 24 pages s’attache donc à recenser les pathologies courantes observées sur cet échantillon représentatif, à apporter des explications techniques quant à l’apparition des désordres et à associer des points de vigilance ou rappels réglementaires.
Plus de 600 rapports d’expertise ont été analysés au cours de l’année 2017, qui ne constituent pourtant qu’une faible proportion (moins de 5%) des déclarations de sinistre enregistrées sur le territoire français et portant sur des fenêtres ou portes-fenêtres.
Sur ces 600 rapports, seule une partie (236) a pu être exploitée, car en matière de gestion de sinistre de masse, il est impossible dans la plupart des cas de pousser la recherche des causes jusqu’à définir le phénomène précis à l’origine du sinistre. Seuls ont donc été retenus les dossiers dont la cause était définie de manière relativement précise.
Cet échantillonnage peut néanmoins être considéré comme représentatif, car traitant de la totalité des déclarations pendant des périodes certes courtes, mais bornées. Les remontées de sinistre ne concernent pas les sinistres dont les coûts de réparation sont supérieurs à 130 k€ environ. Il est donc quasi-certain qu’aient échappé à cet échantillonnage des sinistres lourds, révélant d’autres pathologies que celles identifiées dans le flux des déclarations.
Afin d’être le plus complet possible, l’AQC a intégré à cet échantillonnage les dossiers qu’elle a été amenée à traiter dans le cadre de sinistres graves au cours de l’année 2017, hors des périodes courtes choisies pour l’échantillonnage

Quatre grandes familles de pathologies

Pour chaque rapport d’expertise exploitable (236), l’AQC a classifié la pathologie révélée suivant qu’elle concerne l’environnement de la fenêtre, la liaison de la fenêtre avec son environnement, ou la fenêtre elle-même.
Causes liées à l’environnement de la fenêtre : 19 cas (8%)
Causes liées à l’interface fenêtre / gros-œuvre ou fenêtre / ossature : 57 cas (24%)
Causes intrinsèques à la fenêtre 160 cas (68%)

Dans les 160 cas de causes intrinsèques à la fenêtre, on peut distinguer quatre grandes familles de pathologies :

  • Défaut de quincaillerie 37 cas (16%)
  • Insuffisance de garde à l’eau du seuil de fenêtre 29 cas (12%)
  • Affaissement du vantail 22 cas (9.5%)
  • Autres défauts d’étanchéité ou de fonctionnement72 cas (30.5%)


Les 72 “autres défauts d’étanchéité et de fonctionnement” peuvent à nouveau être répartis en quatre familles :

  • Défaut de fabrication (assemblages principalement) 34 cas (14.5%)
  • Défaut de conception de la menuiserie 13 cas (5.5%)
  • Défaut en relation avec le matériau constitutif 10 cas (4.25%)
  • Défaut d’entretien ou d’usage 10 cas (4.25%)

Niveau moyen de compétence accru pour diminuer le nombre de réclamations et l’augmentation du coût des sinistres

En conclusion de cette étude, l’AQC explique que la quantité et la complexité croissante des textes réglementaires demandent un niveau moyen de compétence accru pour diminuer le nombre de réclamations et l’augmentation du coût des sinistres.
« Le fait que le menuisier intervienne en second-œuvre l’oblige, semble t-il de plus en plus, pour des raisons de coût et/ou de délais, à devoir s’adapter à des situations auxquelles il ne devrait normalement pas être confronté. En particulier, le support sur lequel il doit travailler lui est de fait bien souvent imposé » explique l’association.
Respecter les règles de l’art devient dans ces conditions un exploit à la portée d’un nombre de plus en plus restreint d’initiés, à l’opposé du partage de l’information qui devrait en principe concerner l’ensemble des professionnels.
De manière pragmatique, L’AQC propose quelques propositions pour limiter le nombre et le coût des sinistres :

  • en conception technique des produits, améliorer l’information et la prise en compte des pathologies récurrentes,
  • en conception générale du bâtiment, accroitre l’attention à porter au choix des types d’ouvrant et à la limitation de leurs dimensions, en conception et en exécution, simplifier autant que possible les techniques de mise en œuvre,
  • en exécution, respecter strictement la normalisation en matière d’acceptabilité des supports. Réviser le DTU 36.5, suite à la remontée de sinistre et notamment ajouter une intervention de maintenance à l'issue de la période de "rodage" de la menuiserie

(sources : AQC, Crédit photo : Saretec)