Lors d’un précédent reportage sur le site industriel de Dormagen (Allemagne), publié en 2019 dans Verre & Protections Mag n°110, page 52, nous avions abordé la première étape de production de l’aluminium recyclé Hydro Circal 75R avec le traitement des déchets et la production de chips d’aluminium déchiquetées.
Avec une plongée au cœur de la fonderie Hydro de Clervaux (Luxembourg), nous allons plus en avant dans un process qui s’inscrit dans la mise en place d’une véritable économie circulaire dans tout le groupe.

Augmenter la part d’aluminium de seconde fusion dans le secteur de la construction

« Depuis plusieurs années, Hydro repense sa stratégie et ouvre une nouvelle page de l’histoire de l’industrie de l’aluminium avec le développement de sa propre filière de recyclage, explique Rafael Fuertes, vice-president d’Hydro Building Systems France. Nous en sommes convaincus : l’urbanisme du futur est inimaginable sans une réutilisation durable des matériaux. En effet, à partir de 2030, tous les nouveaux bâtiments devront fonctionner à zéro carbone net ».
Cette volonté s’est ainsi concrétisée en 2019 par la commercialisation de Circal 75R qui présente la proportion la plus élevée d‘aluminium en fin de vie recyclé du marché. Un alliage constitué au minimum de 75 % de matières recyclées post-consommation. C’est-à-dire provenant essentiellement de menuiseries aluminium issues de chantiers de déconstruction avec, à la clef des émissions maximales de 2,3 kg de CO2 par kilogramme d’aluminium produit. Une valeur six fois inférieure à la moyenne mondiale.
« Le chemin parcouru en un an est conséquent, poursuit Rafael Fuertes, plus de cent projets sont en cours de réalisation dans une dizaine de pays, en Europe et en Asie, intégrant cet alliage recyclé et bas carbone. Cette tendance doit s’accélérer afin d’augmenter considérablement la part d’aluminium de seconde fusion dans le secteur de la construction. À ce titre, nous avons récemment procédé à des investissements dans trois usines de production en Espagne, en Allemagne et en Angleterre ainsi qu’à des améliorations sensibles sur les sites Hydro de Clervaux et de Toulouse, ajoute-t-il. Depuis septembre dernier, Sapa commercialise en gamme ses premiers produits intégrant cet alliage tandis que les marques Technal et Wicona déploient la majeure partie de leurs gammes de produits de façades et de menuiseries en Hydro Circal », conclut Rafael Fuertes.

Trois usines produisent désormais les billettes d’aluminium Hydro Circal

Poussée par les réglementations thermiques, l’évolution des mentalités, les constructions écoresponsables..., la demande mondiale d’aluminium de seconde fusion est vouée à augmenter rapidement. Hydro s’est donc fixé comme objectif de porter sa capacité de production de Circal en Europe à 44 500 tonnes dès 2021.
Le groupe a pour volonté de faire de cet alliage recyclé bas carbone un standard sur le marché du bâtiment, en neuf comme en rénovation. Pour se donner les moyens de ses ambitions trois sites Hydro ont été réorganisés et ont bénéficié d’améliorations. Ces sites, outre Clervaux au Luxembourg, sont implantés en Angleterre, à Deeside au sud de Liverpool et en Espagne, à Azuqueca au nord de Madrid.
Des emplacements stratégiques qui visent à améliorer le maillage sur les territoires et ainsi être plus proches des sites d’extrusion. Une proximité qui permettra également de réduire l’empreinte carbone du groupe en diminuant l’impact du volet transport.

Usine de Clervaux : une capacité de 100 000 tonnes d’aluminium par an

C’est en 1990 que le site luxembourgeois de Clervaux devient la première usine de recyclage d'aluminium du groupe Hydro. Conscient des possibilités offertes par l’aluminium, recyclable à 100 % et à l’infini sans perte de ses qualités intrinsèques de légèreté, de résistance et de durabilité, le groupe Hydro décide dès les années 1990 d’intégrer le volet recyclage dans sa chaîne de valeur afin de maîtriser et valoriser l’ensemble du cycle de vie de l’aluminium.

200 000 millions de tonnes d’aluminium se cachent dans les ouvrages du monde entier, prêtes à être réutilisées de manière responsable et à l’infini, notamment dans le secteur de la construction

Pour amorcer cette stratégie, le groupe procède à l’acquisition d’une partie de l’usine de sidérurgie Gottschol Alcuilux. Il y développe un procédé de production ad hoc pour le recyclage de déchets d’aluminium, provenant de l’extrusion et des chutes de production. Le recyclage ne nécessite que 5 % de l’énergie requise lors de la production d’aluminium primaire. Ce procédé fait rapidement ses preuves. Performant, il devient le modèle et le fer de lance de la stratégie de recyclage du groupe. Il sera dupliqué dans les autres usines de recyclage du groupe notamment aux USA, en Espagne et au Qatar.
Avec une capacité de 100 000 tonnes d’aluminium par an, le site Hydro de Clervaux devient rapidement l’un des premiers sites de recyclage d’aluminium en Europe.

Une modernisation du process pour produire un aluminium bas carbone recyclé

Pour accompagner la nouvelle stratégie du groupe et produire l’aluminium bas carbone recyclé Hydro Circal 75R, la fonderie de Clervaux bénéficie d’importants travaux de modernisation de son process de fusion. La transition de ce site vers une usine de recyclage 4.0, automatisée, a nécessité des investissements en infrastructures et machines : modernisation complète de la partie fusion du métal avec une unité de submergence du métal, un système de convoyage, une unité de délaquage, une machine d’écrémage du métal.
« Le process de valorisation de l’aluminium issu de la déconstruction soulève plusieurs difficultés techniques, qui nécessitaient d’adapter nos installations et nos process de production, explique Ludovic Dardinier, directeur du site Hydro de Clervaux. Les petits segments d’aluminium que nous recevons ne sont pas exploitables en l’état. Il faut enlever tous les résidus de colle ou de laque susceptibles d’altérer la qualité du produit en sortie de ligne. »
Fin 2017, les premières billettes en aluminium recyclé Hydro Circal 75R sortent de l’usine et en deux ans, sa production a été multipliée par 30 à Clervaux, passant de 500 tonnes fin 2018 à 10 000 tonnes fin 2019. Objectif : atteindre 15 000 tonnes fin 2020.

Projet Lixa à Varsovie en Pologne (projet Wicona).