On entend partout, depuis des semaines, que si les Français se ruent vers les produits de fermetures et de protections solaires c’est que la crise sanitaire est la cause de ce boom vers les travaux de rénovation. Pas un éditorial ou article de presse qui n’en parle pas !

L’histoire est belle mais je pense que les Français n’ont pas vraiment attendu les tribulations d’un pangolin en Chine pour considérer comme essentiel d’améliorer le confort et les performances de leur habitat.
Je pense plutôt que la bonne tenue des commandes actuelles dont bénéficient nos entreprises vient de plus loin : elle vient du fait que les Français étaient en retard chronique par rapport à certains de nos voisins en matière d’équipements de leurs habitats, notamment en matière de fermetures.
Ma grand-mère disait : “si tu veux gagner de l’argent vend ta maison mais si tu veux devenir riche fais-y des travaux”. Notre pays est effectivement une terre de patrimoine immobilier où il y a autant de styles architecturaux que de sortes de fromages et plus d’Architectes des Bâtiments de France que de crus millésimés. Mais c’est là, la bonne nouvelle ! Ce fameux retard, que l’on ressort régulièrement pour nous indiquer que les Allemands ont de meilleures fenêtres que nous dans leurs maisons ou que les Italiens ont plus de stores à leurs baies qu’en France, etc., etc., est la preuve qu’un fantastique marché reste à combler chez nous.

Les français n’ont pas vraiment attendu les tribulations d’un pangolin en Chine pour considérer comme essentiel d’améliorer confort et performances de leur habitat.

Mon opinion est qu’il y a actuellement, dans notre pays, une dichotomie entre la pluralité de l’offre des fabricants de vitrages, de menuiseries, de fermetures et l’équipement réel des foyers français. En conséquence, l’engouement actuel pour les travaux n’est seulement que la réponse des consommateurs que nous sommes tous au dynamisme à la fois technique et marketing des entreprises qui composent nos professions. La situation est simple : il y a un parc considérable à rénover et il existe en face une offre incroyablement riche à la disposition de ce potentiel de réhabilitation.
Et je ne parle même pas du neuf : ne nous arrêtons pas aux mauvais chiffres du moment, rien de structurel dans cette atonie, le manque de logement en France est bien réel et si aucune crise financière ne vient perturber les systèmes de crédits, les permis de construire ne peuvent que logiquement repartir et ce, plus vite qu’on l’imagine.

D’ailleurs, les pouvoirs publics ne s’y sont pas trompés. En ces temps où l’on parle de réindustrialisation de la nation après avoir découvert qu’un simple masque devait faire 10 000 km pour arriver de l’usine jusqu’à notre nez, nos dirigeants se sont soudainement rendu compte que dans nos régions, nos départements, nos villes et même nos villages, il y avait des industriels, des artisans qui participent à la construction du pays et à son économie, sans parler de son emploi. Un secteur qu’il convenait donc de soutenir désormais avec soin et dans une logique de pérennité car bien plus sensible aux aléas des conditions d’attribution de MaPrimeRénov’que des sautes d’humeurs des marchés mondialisés et des échanges d’amabilités entre dirigeants américains et chinois !

Tout ça pour dire que je suis aujourd’hui plutôt optimiste car ce retard que nous aurions en matière de construction est tout simplement, pour nous tous… une avancée. Et cet engouement ne doit (presque) rien au pangolin mais à une juste et inéluctable montée de nos secteurs vers leurs vrais niveaux.