Récemment, une importante entreprise de nos professions nous confiait son désarroi face aux tarifs de l’électricité dont bénéficiaient ses concurrents directs européens. Conséquence pour cette entreprise : sa facture énergétique pourrait être multipliée par quatre dès cette année, dépassant ainsi le coût de… sa masse salariale !
Autre exemple, celui de La Fenêtrière, menuiserie francilienne dirigée par Catherine Guerniou qui nous explique avoir volontairement gelé les surcharges énergétiques (30 % environ) imposées par ses fournisseurs pour ne pas bloquer les ventes de ses menuiseries ! « Forcément, cela a fortement impacté notre bilan 2022 par un manque à gagner en marge nette de 50 000 euros », regrette-t-elle.
Pourquoi le MWh est-il facturé 120 euros aux entreprises en Espagne, 100 euros au Portugal, 175 euros en Allemagne, des prix très en dessous du tarif que nous subissons en France qui varient entre 480 et 700 euros selon la période de l’année ? Est-il normal que la France vende à ses voisins un MWh au prix de 47 euros alors que son coût de production avoisine les 55 euros ? Pourquoi la France a-t-elle accepté de passer sous les fourches caudines allemandes à Bruxelles ?

« Si ce bouclier tarifaire est juste pour nos compatriotes, notamment les plus précaires, mais pourquoi diable ne pas considérer les entreprises particulièrement dépendantes de l’énergie comme, elles aussi, “boucliables” ? »

Au travers de ces deux exemples de sociétés de tailles et d’activités très différentes, il est hélas clair que les entreprises n’ont désormais que deux choix à leur disposition depuis que le gouvernement a annoncé que le bouclier tarifaire ne serait prolongé que pour les seuls particuliers : augmenter leurs prix ou baisser leurs marges. Étant entendu que, selon les typologies d’activités et de tailles, toutes les entreprises ne peuvent pas absorber ces coûts en baissant leurs marges.
Si ce bouclier tarifaire est, bien entendu, des plus justes pour nos compatriotes, notamment les plus précaires, pourquoi diable ne pas alors considérer les entreprises particulièrement dépendantes de l’énergie comme, elles aussi, “boucliables” ?
Pour le gouvernement, ne serait-il pas le bon moment de produire un nouvel effort pour que les entreprises qui, au passage, permettent à la France d’afficher un taux de chômage historiquement bas, en mettant en place un vrai support tarifaire pour les industriels français. D’autant que les industriels font preuve d’efforts conséquents en investissant dans les énergies renouvelables sur leurs propres sites de production (référence au passage à MéO qui vient d’investir 1,5 million d’euros dans 4 400 m2 d’ombrières photovoltaïques sur son site vendéen de Cugand, un exemple parmi tant d’autres…).
Il existe, il ne faut pas le nier, un certain nombre de dispositifs d’aides mises en place par le ministère de l’Économie pour soutenir les entreprises touchées par la hausse des prix de l’énergie. Mais celles-ci ne suffisent aujourd’hui plus et lorsqu’un poids devient une menace, il faut agir avant que cette menace ne devienne un péril. Il est donc temps, plus que jamais, d’aider encore plus nos entreprises à “encaisser” cette crise énergétique qui les frappe et ce… “kWatt qu’il en coûte” !