Loin de s'avouer vaincues, les fédérations professionnelles restent mobilisées face à l'exclusion de la fenêtre du CITE, s'évertuant par des rencontres locales ou nationales à informer et être force de proposition auprès des politiques afin de les inciter à revenir sur une décision perçue à juste titre par l'ensemble de la profession, comme injuste et contre-productive pour la transition énergétique.

Le 18 septembre dernier, Madame Annie Genevard, vice-présidente de l'Assemblée Nationale, recevait Yann de Benazé (président du SNEP[1]), Philippe Guerder (vice-président extrudeur du SNEP), Eric Chatelain (délégué général du SNEP), Catherine Guerniou (Menuisier La fenêtrière, admis à la marque QualiPVC fenêtre du SNEP) et Robert Dollat (président de l’UFME[2]). Au programme de cette rencontre : l'esthétisme, la performance des fenêtres fabriquées en France et mises en œuvre par des poseurs qualifiés, ainsi que la nécessité de réintégrer la fenêtre dans le CITE.

La rédaction de Verre & Protections Mag a interrogé Yann de Benazé et Robert Dollat sur le déroulement et le dénouement de cette rencontre.

Comment s'est organisée cette rencontre ? Qui en est à l'initiative ?

Yann de Bénazé : Les membres du SNEP ont réagi tant auprès des 6 députés qui ont tenté il y a quelques mois de faire interdire le PVC qu'auprès des députés de leur circonscription respective et dans ces démarches, la société Profialis, membre du SNEP, a réussi à faire venir Mme Genevard chez eux début septembre pour visiter leur site, mieux appréhender nos sujets et dans la foulée obtenir ce RDV à l'Assemblée Nationale où nous nous sommes rendus avec 2 Menuisiers afin d'avoir une représentativité à la hauteur des sujets à débattre et à défendre. Le SNEP a présenté de manière factuelle les chiffres de notre profession, tant sur la menuiserie PVC que sur son impact économique et social notamment en terme d'emploi.

Robert Dollat : L’actualité récente concernant les incitations fiscales liées à la rénovation énergétique et en particulier aux fenêtres, fait réagir l’ensemble de la filière fenêtre. Le SNEP a pris l’initiative de cette rencontre et en tant que représentant des menuiseries extérieures, il était nécessaire d’apporter notre contribution à cet entretien.

Avez-vous le sentiment d'avoir été entendus ?

Yann de Bénazé : Nous avons pu aborder aussi bien les aspects environnementaux (origine et composition du PVC, REACH[3], parfaite recyclabilité) que la performance du produit et sa contribution indéniable aux économies d'énergie et avons pu présenter l'ensemble des mesures pro-actives de nos professions sur le recyclage. Bien entendu, au delà des informations et des explications données, il s'agissait aussi de mettre en avant la volonté et la capacité des extrudeurs et des menuisiers à être force de proposition, tant sur ces sujets environnementaux que sur le besoin de rompre avec l'impact négatif de la démarche des 6 députés "anti-PVC". Mais surtout et avant tout de montrer l'impact positif des menuiseries PVC sur les économies d'énergie et donc de défendre la nécessité de réintégrer les Menuiseries dans le CITE. Nous avons trouvé une écoute attentive à nos positions et démontré que nous sommes ouverts au fait que le CITE puisse voir ses règles d'attribution et son coût pour l'Etat, revus et adaptés aux contraintes budgétaires tout en soulignant l'impact du CITE sur l'activité et donc sur l'emploi, jusqu'au premier semestre 2018 et avons donc insisté pour le retour de l'éligibilité de la Menuiserie au CITE au plus vite !

Robert Dollat : Il est un peu tôt pour le dire mais nous nous félicitons d’avoir obtenu ce rendez-vous dans un agenda très chargé de part et d’autre. Cet entretien avec madame la Vice-Présidente de l’Assemblée Nationale, Annie Genevard, nous a permis de démontrer à nouveau la réelle efficacité du changement de fenêtres dans les travaux de rénovation énergétique. Ça n’est pas le seul entretien que l’UFME a pu avoir avec nos élus, représentants du peuple et j’espère sincèrement qu’au-delà d’avoir été entendue, notre filière a pu convaincre du rôle qu'elle a à jouer dans la massification de la rénovation et de la qualité des travaux à entreprendre pour accompagner l’État dans ses engagements.

Quelles perspectives se sont dégagées à l'issue de cette rencontre ?

Yann de Bénazé : Nous avons trouvé une écoute attentive à nos positions qu'il faudra continuer d'exposer et défendre devant d'autres instances : la DHUP[4], les Ministères, etc. et si des textes de loi sont présentés à l'Assemblée, nous espérons avoir un plus grand nombre de députés mieux informés sur les sujets qui nous tiennent à cœur.

Robert Dollat : Cette réunion était un premier contact au cours duquel nous avons pu à nouveau démontrer la qualité de la fabrication de fenêtres en France, le risque pour l’emploi en cas de perte de cette industrie française et surtout souligner que la filière, consciente des efforts budgétaires nécessaires, n’admet pas d’être dénigrée. Nos demandes sont simples : avoir accès au rapport CSTB/Ademe rédigé au 1er trimestre 2018, participer aux réunions de concertation. Nous travaillons sur des propositions simples et pratiques pour réintégrer la fenêtre dans les dispositifs gouvernementaux mais il est encore un peu tôt pour en parler.

Propos recueillis par Johanna Bensmaine

(1) SNEP : Syndicat national de l'extrusion plastique, profilés et compounds
(2) UFME : Union des fabricants de menuiseries
(3) REACH : règlement européen (règlement n°1907/2006) entré en vigueur en 2007 pour sécuriser la fabrication et l’utilisation des substances chimiques dans l’industrie européenne. Depuis le 31 mai 2018 il n'est plus possible de fabriquer ou importer des substances à plus d'une tonne par an, si elles n'ont pas été enregistrées.
(4) DHUP : La Direction de l'Habitat, de l'Urbanisme et des Paysages fait partie de la Direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature, rattachée au Ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie.