Une grande partie de l’université de Bordeaux est située à 5 km au sud-ouest du centre-ville. Elle est répartie le long de quatre stations du tramway qui serpente entre les différents bâtiments.

Vue du projet pour le bâtiment B8

Celui-ci a été inséré récemment dans le schéma de l’université, et il est déjà le moyen le transport le plus utilisé pour accéder aux divers bâtiments du site. Dans le projet de rénovation, les entrées des bâtiments seront retournées pour faire face aux stations du tramway et faciliter l’accueil et la circulation des étudiants.

Une première tranche sur 16 bâtiments
La première tranche des travaux concerne le domaine Sciences et technologies (UB1) et un contrat de conception-réalisation-maintenance a été signé le 12 novembre 2012. Les travaux vont démarrer au deuxième semestre 2013 et s’étaleront jusqu’à la fin de l’été 2015.
Le périmètre immobilier de cette première tranche porte sur 87 000 m2 de SHOB et 16 bâtiments, et compte de nombreuses innovations en matière de construction durable : choix des matériaux, organisation du projet et intégration des usagers. L’élément essentiel est le choix de façades à double-peau permettant de respecter l’aspect patrimonial dans la réhabilitation énergétique. D’autres apports du projet concernent la mise en conformité de tous les bâtiments aux normes PMR et leur classement en ERP, ou la réduction drastique des besoins de chauffage grâce à un réseau de distribution dans les bâtiments. L’économie espérée est de l’ordre d’une division par six des besoins, c’est-à-dire de 400 à 500 000 € en moins par an. Enfin, le chantier sera réalisé en milieu occupé.
Il s’agit d’une rénovation technique (façades, confort, mise en sécurité, accessibilité handicapés) et d’une restructuration de 20 % des locaux intérieurs pour permettre les réorganisations.

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L’un des bâtiments à réhabiliter



Pas question de doubler les façades en modifiant l’aspect architectural du bâtiment
Les premiers travaux porteront sur les bâtiments “vieux rose” emblématiques du secteur Sciences et Technologies. C’est l’occasion de donner à ces bâtiments des années 60 les performances environnementales des bâtiments d’aujourd’hui, particulièrement en termes d’énergie. À cet objectif technique ambitieux, s’ajoute la difficulté d’un chantier en site occupé par l’enseignement et la recherche. Pour trouver les meilleures réponses à ces problèmes complexes, les travaux sont confiés à une équipe réunissant dans un même contrat les concepteurs (architectes, ingénieurs), les entreprises de travaux et les prestataires qui assureront la maintenance pendant 25 ans.
Sept bâtiments en briques roses des années 70 voient leur architecture reconnue comme une composante à part entière de l’identité de l’université. L’idée est de protéger ces bâtiments, pour garde l’identité du patrimoine de l’université. De plus, les utilisateurs sont attachés à la structure des bâtiments malgré leur inconfort.
Pas question donc de doubler les façades en modifiant l’aspect architectural du bâtiment. Les architectes Paul Chemetov et Martin Duplantier ont imaginé une enveloppe en verre qui met en valeur les façades et les place “sous vi­trine” pour garder leur caractère. Cette enveloppe offre des performances énergétiques particulièrement remarquables.
Les besoins de chauffage actuels sont de plus de 85 kWh/m2/an. Avec une isolation, ils seraient descendus à 18 kWh/m2/an, mais la double façade ramène ce besoin à 12 kWh/m2/an.
Pour le confort d’été, le nombre d’heures supérieures à 28 °C est estimé à 400 par an dans le bâtiment existant. Avec une isolation, ce nombre d’heures serait divisé par quatre et abaissé à 100 heures, mais la double façade permet de faire encore mieux et d’abaisser ce nombre à 50 heures.

Façades bioclimatiques avec stores et grilles
Les bâtiments sont dotés de demi-niveaux entre les étages, pour assurer les ventilations des espaces. Ces demi-niveaux s’ouvrent en façades nord et sud par des baies.
Dans le projet, ils sont réutilisés pour créer une astucieuse circulation d’air à travers les bâtiments, ce qui constitue une des grandes innovations du projet. Il n’y a pas d’isolant thermique collé par l’extérieur sur le bâtiment : l’isolant est l’air contenu par la paroi extérieure en verre. Des protections solaires mobiles sont adaptées aux orientations. Elles comprennent des stores textiles, des grilles Panol et des grilles Souchier.
Une couche d’air chaud longe le bâtiment et constitue une double façade bioclimatique avec un effet de thermosiphon. Ce procédé régule le confort thermique intérieur et c’est une innovation de l’utiliser en réhabilitation.
La circulation d’air est régulée dans les doubles façades au nord et au sud de ces bâtiments, une ventilation verticale placée au milieu du bâtiment, et les demi-niveaux qui permettent de faire traverser l’air réchauffé en façade sud vers la façade nord.

Fonctionnement hiver ou été
En hiver, les apports solaires chauffent la lame d’air au sud, puis le bâtiment par effet de serre. L’air chauffé dans la double façade monte et est aspiré en toiture par des centrales de traitement d’air à double flux. Les CTA utilisent les calories de cet air pour réchauffer de l’air neuf entrant avant d’évacuer l’air utilisé. L’air entrant réchauffé est soufflé dans le bâtiment par la cheminée centrale, en mettant les pièces en surpression.
En été, le fonctionnement des façades est passif et différent selon le jour et la nuit. L’air chaud des doubles façades est directement évacué en toiture pour rafraîchir le bâtiment. Les CTA aspirent l’air neuf pour ventiler le bâtiment par la cheminée centrale.
S’il y a un pic de chaleur, l’air neuf soufflé dans les locaux est rafraîchi adiabatiquement par échange indirect. Les CTA sont dotées d’un by-pass et d’un échangeur qui permet le rafraîchissement adiabatique, qui, par évaporation utilise l’énergie de condensation et fait passer l’air chaud à travers l’échangeur humide. C’est l’humidité qui refroidit l’air. La température de soufflage adiabatique (sans échange de chaleur) varie en fonction de l’humidité et de la température extérieure. La base a été calculée sur les températures caniculaires de l’été 2003. Durant cet été-là, le rendement du rafraîchisseur adiabatique aurait été de 65 %, et le gain opéré de 8 à 12° en fonction de l’humidité de l’air. En cas de canicule, des groupes froids peuvent être utilisés en complément.
La nuit, les ventilations sont ouvertes pour profiter de l’air frais nocturne et rafraîchir l’ensemble du bâtiment.