L'entreprise SAMBP, implantée à Charleville-Mézières (08), qui avait été placée en redressement le 13 décembre dernier, vient d’être reprise à la barre du tribunal de Commerce de Sedan par Hervé Coutelas, pour un montant qui avoisine le million d'euros. 126 emplois sur 131 sont maintenus dans l’entreprise. Rappelons que la menuiserie, spécialisée dans la fabrication de fenêtres et menuiseries (bois et PVC), avait été reprise en 2005 par Didier Logereau.
Pour que cette reprise soit réalisable, Ardenne Métropole a facilité la transaction via une opération de lease-Back. L'Agglo rachètera les bâtiments exploités par l'entreprise pour les lui louer, réinjectant ainsi 1 million d'euros dans les caisses de la SAMBP. Ces mêmes bâtiments seront revendus à l'entreprise à la fin de l'opération.

New Cap possède désormais quatre sites de production en France

Hervé Coutelas, qui était le seul candidat à la reprise de la SAMBP, va donc étoffer sa holding New Cap, implantée à Reims (51) et porter à quatre le nombre de sites qu’il exploite en France : Le Havre (76), Reims (51), Dormans (51) et donc Charleville-Mézières (08). Le groupe, qui emploie 250 personnes (en CDI) et génère un chiffre d’affaires annuel de 30 millions d’euros, espère, à la suite de cette reprise, augmenter son CA de 10 % dès l’année prochaine.

Nous avons rencontré Hervé Coutelas, le jour où le tribunal de Commerce lui a confié les rênes de la SAMBP, et ce dernier a accordé sa première interview en exclusivité à Verre & Protections Mag.

Interview de Hervé Coutelas

« Pérenniser des activités et sauvegarder des emplois me passionne au plus haut point »

Pourquoi vous êtes-vous intéressé au dossier de reprise de la SAMBP ?
« Mon intérêt pourrait se résumer en deux termes : “synergies” et “sauvegarde des emplois”. Tout ce qui permet au chef d’entreprise que je suis de pérenniser des activités et de sauvegarder des emplois en France me passionne au plus haut point. C’est ce qui m’a toujours guidé lors des différentes reprises d’entreprises. Ensuite, reprendre la SAMBP permet d’ajouter l’activité de la menuiserie bois à notre offre dont elle était absente jusqu’à aujourd’hui. Donc, je maintiens une entreprise en activité, je sauve 126 emplois sur 131 et je développe mon offre avec le bois, une opération des plus cohérentes et qui, je pense, a convaincu le tribunal de Commerce ».

Et du côté des synergies ?
« Nous ne fabriquions, jusqu’alors, pas de menuiseries bois alors que c’est une activité importante pour la SAMBP. Nous allons donc pouvoir rajouter le bois à notre offre et proposer ce matériau à nos 3 000 clients référencés. Dans l’autre sens, nous allons bien entendu ajouter certains produits issus des gammes de New Cap à l’offre de la SAMBP. C’est une autre synergie : leur offre ne comprenant pas l’aluminium, nous allons donc, en partenariat avec notre gammiste Sepalumic, ajouter ce matériau aux menuiseries proposées par la SAMBP. Nous sommes persuadés que l’aluminium peut aujourd’hui être proposé aux grands donneurs d’ordres pour l’activité chantiers. J’ajouterais que c’est aussi un axe qui va permettre de rétablir sa rentabilité ».

Quelles sont, selon vous, les raisons pour lesquelles la SAMBP a connu des difficultés au point de déposer son bilan ?
« C’est simple, cette entreprise, qui travaille bien, qui dispose d’un équipement productif performant et qui était très bien dirigée par Didier Logereau – qui reste d’ailleurs avec nous –, souffrait des délais de paiement de certains de ses gros clients. Les délais de paiement de l’activité chantier, vous le savez, ne sont hélas parfois pas les mêmes que ceux de la vente aux particuliers même si la majorité des entreprises de ce secteur ont aujourd'hui des délais de paiement dans les normes. Il s’agit donc de difficultés beaucoup plus structurelles que conjoncturelles ».

Oui, mais la SAMBP ne peut pas se passer de ce marché pour poursuivre ses activités ?
« Bien entendu. Et nous allons continuer à travailler sur les gros projets mais en faisant en sorte que le site de Charleville-Mézières, désormais intégré dans notre groupe, ne soit pas uniquement dépendant des gros donneurs d’ordres, notamment les gros chantiers en Île-de-France qui obligeaient l’entreprise à avoir de gros besoins en fonds de roulement. Nous allons donc mixer cette clientèle aux longs délais de paiement avec une clientèle qui paye à 30 jours et ne détériore pas les fonds de roulement de l’entreprise ».

Propos recueillis par Frédéric Taddeï