Par Frédéric Taddeï - directeur de la publication /// lui écrire


En réaction à une actualité récente qui a plongé plusieurs organisations professionnelles du monde de la menuiserie dans une navrante et problématique situation, un seul mot s’impose : stop !
Le rôle de responsable de magazines professionnels comme Verre & Protections Mag n’est pas seulement d’imprimer des informations reçues de part et d’autre, mais aussi et avant tout, de prendre nos responsabilités de journalistes indépendants (nous ne sommes affilés à aucune fédération) lorsque cela s’avère nécessaire.
Quelle est aujourd’hui la situation qui, en tant que relais d’opinion, nous incite à prendre la parole ? Deux projets importants pour l’ensemble de vos professions sont en pleines turbulences : le Label Fenêtre et l’Étiquette énergétique fenêtre (lire notre dossier et interviews dans cette édition page 22). Deux coups de théâtre, vous le savez certainement si vous avez reçu nos alertes infos par e-mail, viennent de porter atteinte, sinon à leur pérennité, tout du moins à leur intégrité. Alors que, pour la première fois depuis bien longtemps, une forme d’unité semblait régner entre les différentes composantes des représentations syndicales de tous les secteurs de l’enveloppe du bâtiment, l’Ufme a quitté le projet de Label Fenêtre à la veille de son lancement officiel et quatre syndicats ont réclamé le retrait de l’Étiquette énergétique, juste après son lancement officiel.

Une situation quelque peu… “schizophrénique” !
Les principaux syndicats et associations professionnels sont historiquement axés sur des matériaux : le verre, le PVC, l’aluminium, le bois. Or, l’évolution des entreprises de l’enveloppe du bâtiment et aussi l’importance prise par ces matériaux dans les performances des menuiseries au sens large du terme, font qu’aujourd’hui un grand nombre d’entre elles sont définitivement “multi-matériaux”. Une situation totalement “schizophrénique” pour une majorité de leurs dirigeants qui, un jour sont menuisiers aluminium et le lendemain menuisiers PVC !

Les professionnels ne comprennent pas pourquoi leur syndicats s’affrontent sur des thèmes qui devraient au contraire les assembler.

Au sujet de ces affaires de Label Fenêtre et d’Étiquette Énergétique, nous ne souhaitons pas revenir sur les arguments qui ont été développés par les différentes parties en présence. Si dans l’ensemble ils tiennent parfaitement la route, nous ne sommes pas dupes que, derrière, pointent à l’évidence des intérêts lobbyistes et corporatistes où les différences entre les matériaux jouent, même si tout le monde s’en défend, un rôle important qu’il ne nous appartient pas de juger. Chacun défend ses intérêts avec conviction, c’est indéniable mais l’enfer est malheureusement souvent pavé de bonnes intentions !

Des voix s’élèvent pour organiser un “Yalta” de la profession
Par contre, devant ce désordre, tant en terme d’image que de crédibilité, de plus en plus de voix s’élèvent pour amorcer une refonte totale du système des syndicats, seule solution, selon eux, pour sortir de l’ornière. Avant de rédiger notre article, nous avons envoyé un court questionnaire sur ce sujet à une trentaine d’acteurs des plus représentatifs du monde de la baie, miroitiers indépendants, importants extrudeurs, menuisiers tous matériaux confondus, storistes, fabricants de ferme­tu­res, etc. Leurs réactions, parfois vives, souvent fermes et unanimement navrées, indiquent qu’il n’y a plus aucun doute pour eux sur l’urgence à réformer un système de syndicats professionnels, qui ne correspond plus à la typologie actuelle des professions et surtout aux attentes des entreprises qui les composent et les financent.
En clair, beaucoup appellent aujour­d’hui de leurs vœux la création d’une nouvelle organisation syndicale uni­que, dotée par exemple de commissions sectorielles représentant les différentes professions et matériaux. Ce syndicat unique, à présidence tournante, regrouperait les métiers du verre, de la menuiserie, de la métallerie, de la protection solaire, de la fermeture au sens large du terme, et des professions associées. À sa tête, une direction collégiale, arbitre et gestionnaires des intérêts parfois divergents de ses adhérents, devrait, selon les tenants de ce “Yalta”, représenter avec force et indépendance une profession 100 % unie face aux pouvoirs pu­blics, aux instances européennes, à la concurrence étrangère, aux autres métiers du bâtiment, etc. Bref, autant d’interlocuteurs à qui nous renvoyons aujourd’hui une image de désunion et d’ordre dispersé. Tel est le vœu de bon nombre de nos interlocuteurs et visiblement de beaucoup d’entreprises en France.

Nos métiers sont unis par un seul mot : la construction
Il est donc clair qu’à l’heure où les entreprises de nos secteurs se battent au quotidien contre une crise et une concurrence étrangère des plus dévastatrices, beaucoup de professionnels ne comprennent vraiment pas pourquoi leurs syndicats ne font pas preuve de plus d’unité et s’affrontent de la sorte sur des thèmes qui devraient au con­traire les rassembler.
En ce qui nous concerne, nous appelons de nos vœux que cessent les batailles d’ego qui, si elles font florès dans le monde politique, n’ont définitivement pas leur place dans nos métiers du bâtiment où le dialogue, la retenue, la recherche du consensus et l’objectif de résultats prévalent. Tout simplement parce que nos métiers sont réunis par un seul terme : la construction.
Donc, s’il vous plaît : "halte au feu !" Reprenez vos esprits, remettez tout à plat s’il le faut, imaginez un nouvel appareil syndical vraiment re­pré­sentatif et avancez unis.