Selon l’enquête publiée fin avril 2019 par MSI Reports, et dont Verre & Protections Mag vous propose un résumé en exclusivité, il s’est vendu 10,4 millions de fenêtres (hors fenêtres de toit) en France en 2018, en progression de 4% sur un an. En valeur, ce même marché est évalué à 4,6 milliards d’euros HT (à prix fabricants). Le marché regagne un million de fenêtres par rapport à son point bas de 2014-2015, principalement grâce à trois trimestres très dynamiques (d’octobre 2017 à mi-2018).

Cette étude MSI Reports analyse l’évolution des différentes composantes du marché français des fenêtres (hors fenêtres de toit), avec une analyse détaillée du marché pour 2018, des données historiques, différentes segmentations de marché ainsi que des prévisions. Construite sur la base d’entretiens avec les industriels, elle comprend également une analyse détaillée de la structure concurrentielle et des facteurs impactant le marché.

Une année qui a mieux commencé qu’elle ne s’est achevée

Parmi les fabricants de fenêtres interrogés par MSI Reports début 2019 (en janvierfévrier), la majeure partie de ceux qui ciblent principalement ou exclusivement le secteur diffus font état d’une forte/très forte progression de leur activité au 1er semestre 2018, dans le prolongement direct de la tendance amorcée en octobre 2017 (cf. sortie des fenêtres du CITE après le 30 juin 2018). Ici, plusieurs fabricants déclarent une croissance à deux chiffres (parfois supérieure à 20 %) sur les 6/8 premiers mois de l’année.
En revanche, ces mêmes fabricants témoignent d’une dégradation très nette de leur activité au second semestre (dès septembre), et notamment sur novembre-décembre. Pour nombre d’entre eux, la très forte croissance générée au 1er semestre a littéralement “fondu” sur les quatre derniers mois de l’année. Outre l’absence de crédit d’impôt durant cette période (et le contrecoup inévitable des multiples achats par anticipation réalisés au 1er semestre), cette baisse d’activité s’inscrit dans un environnement de marché dégradé par la question fiscale et du pouvoir d’achat, nettement plus prégnante en 2018 (mise en place du prélèvement à la source, hausse de la CSG, hausse des prix des énergies/carburants…), ainsi que par les perturbations liées au mouvement des Gilets Jaunes en fin d’année (forte baisse de la fréquentation dans les showrooms le samedi).

Inquiétude sur les mises en chantier de maisons neuves

En fin de période, le secteur de la construction de maisons individuelles a également consommé davantage de fenêtres. Si 2016 constituait davantage une année de transition (délai d’environ 6/9 mois entre le démarrage d’un chantier et son impact sur les ventes effectives de menuiseries extérieures), en revanche, en 2017, et sur la majeure partie de l’année 2018, ce secteur a contribué positivement à la croissance du marché (avec, pour 2018, un premier quadrimestre très dynamique et un ralentissement du rythme de croissance sur les derniers mois de l’année).
Les perspectives pour 2019 sont en revanche négatives et ce, alors que la courbe des mises en chantier de maisons neuves s’est récemment inversée.
D’après les entretiens menés par MSI Reports, la tendance 2018 est également favorable du côté des fournisseurs du négoce (+ 5 à 10 %, avec des croissances à deux chiffres sur l’aluminium) et de la grande distribution Bricolage (+20 à 30% de croissance sur l’année). La composante “GSB” du marché demeure toutefois un cas à part, puisque majoritairement composée de fenêtres PVC standards à petits prix, pour partie importées de Turquie ou d’Europe de l’Est.
Enfin, la plupart des opérateurs des “grands chantiers” déclarent également des volumes 2018 en hausse. Cette croissance fut en premier lieu tirée par le collectif neuf, conséquence logique des bons résultats commerciaux annoncés par les promoteurs (en termes de ventes) pour 2016-2017.
Pour 2019, les perspectives demeurent favorables en termes de facturations, mais plutôt négatives pour ce qui est des entrées de commande. Par ailleurs, certains opérateurs déplorent une raréfaction des chantiers de rénovation sociale ainsi qu’une pression toujours très forte sur les prix de marché.

L’aluminium poursuit sa progression

Du côté du mix-matériau, l’essor des ventes de menuiseries aluminium ne se dément pas. La quasi-totalité des fabricants interrogés par MSI Reports début 2019 annoncent une hausse de leurs ventes de menuiseries aluminium en 2018 (une part importante d’entre eux déclarant des taux de croissance élevés : autour de +10/+15%, voire davantage). Ce développement s’opère en premier lieu au détriment du PVC, dont la part relative – bien que majoritaire – diminue petit à petit. Si ce segment affiche une évolution (globalement) positive en 2018, une partie des fabricants interrogés par MSI Reports déclare ici des volumes en baisse.

De la même manière, chez les fabricants dont les ventes de menuiseries PVC progressent en 2018, cette hausse est le plus souvent “modérée” et quasi-systématiquement inférieure à celle observée sur le segment aluminium. Ce manque de dynamisme sur les volumes s’accompagne toujours d’une forte pression sur les prix (industrie sur-capacitaire, concurrence est-européenne, offre homogène…), que les fabricants s’efforcent de contrecarrer en “débanalisant” le produit (à travers la couleur notamment : choix élargi de films à plaxer, coextrusion PMMA, capotage alu…).
Avec 12 % de parts de marché, le bois semble avoir déjà atteint son point bas. En 2018, les ventes de menuiseries bois font preuve d’un dynamisme certain (dans la continuité de la tendance positive initiée depuis 2016), et ce, alors que la production se resserre aujourd’hui autour d’un nombre plus limité d’acteurs. La plupart des fabricants interrogés qui travaillent ce matériau font état d’une forte demande (au point de ne pas toujours pouvoir la satisfaire), avec des volumes en assez nette hausse pour 2018.

Côté couleurs, fin de règne pour le RAL 7016 ?

En matière de coloris, le PVC blanc demeure largement majoritaire (plus de 75 % des volumes PVC vendus). La part revenant au “PVC couleur” progresse néanmoins sensiblement, et ce, alors que les fabricants s’attachent aujourd’hui à “débanaliser” la fenêtre PVC (choix élargi de films à plaxer, coextrusion PMMA, capotage alu…). Encore assez peu développée chez les fournisseurs du négoce (et nulle ou négligeable en GSB… pour l’instant), la part du PVC couleur peut en revanche atteindre jusqu’à plus de 30 % chez certains acteurs du “diffus” ou opérateurs des grands chantiers. Le plus souvent, elle oscille entre un peu plus de 15 % et un peu plus de 25 %.

Du côté des menuiseries aluminium, le blanc pur (RAL 9010 ou 9016) et les gris (en tête desquels le gris anthracite RAL 7016) gèrent à eux seuls deux tiers des volumes. Au côté de ces deux coloris phares, seuls les noirs (sablé 2100, RAL 9005…), l’alu anodisé/naturel/métal, voire également certaines teintes de marron/brun/bronze (RAL 8014, 8019, 1247), d’ivoire (RAL 1015 ou 1013) et le chêne doré parviennent à générer des pourcentages un tant soit peu “significatifs”.
Ensuite, les pourcentages déclarés par les fabricants deviennent rapidement symboliques.
À noter également un éclatement plus diffus de la palette de gris au profit de gris alternatifs au RAL 7016, parmi lesquels des gris clairs (RAL 7035, 7040, 9006…), en demi-tons (RAL 7039, 7006…), sombres (sablé 2900, RAL 7022…) voire bleutés. Si ces “autres gris” représentent des pourcentages peu importants dans les statistiques de vente (soit rarement plus de 1 ou 2 % individuellement), en revanche, au cumulé, ils viennent progressivement grignoter des parts de marché au RAL 7016 (qui, selon certains professionnels, a peut-être atteint son apogée ces deux dernières années).