Il suffit de traverser la route ! C’est juste en face de l’actuelle usine de TIV, installée à Treize-Septiers (85,) que son dirigeant, Jean-Yves Glumineau (à gauche sur la photo), vient d’implanter “Tout l’Art du Verre” (TAV), une nouvelle unité de transformation du verre plat ultramoderne. Son processus a été automatisé au maximum et l’investissement s’est monté à environ cinq millions d’euros. Pour cette opération, Jean-Yves Glumineau s’est associé avec Jean-Louis Piscina, un professionnel du verre bénéficiant de 25 années d’expérience dans le domaine de la miroiterie, notamment expert en matière de façonnage et traitement du verre.

Un “clonage” du concept TIV
Cette nouvelle usine, le patron de TIV y réfléchissait depuis longtemps, d’autant que son site de Treize-Septiers commence, au bout de dix ans, à saturer en termes de capacité de production. C’est aussi un état d’esprit qui anime Jean-Yves Glumineau : « j’essaie toujours d’avoir un temps d’avance à l’esprit en projetant mon entreprise à cinq ou dix ans, tant en termes de production, de management que de développement. Nous avons donc presque “cloné” le concept TIV, pour la création d’une nouvelle miroiterie industrielle. Nous avions besoin d’un nouvel équipement à la pointe de la technologie pour supprimer les déperditions entraînées par le transfert des volumes verriers d’une machine à l’autre », poursuit le dirigeant.
En fait, TIV souhaitant augmenter la profondeur de sa gamme de produits a souhaité devenir de plus en plus autonome sur la fabrication de certains produits et solutions qu’elle sous-traitait jusqu’alors, notamment la trempe du verre. Simplement, ces investissements s’avérant trop importants pour les seuls besoins de TIV, l’idée est venue de monter une entité à part et de proposer ces produits au marché national (fabricants de meubles, agenceurs, bâtiment, etc.). “Tout l’Art du Verre” est donc né !

Un nouveau concept de miroiterie
En fait, en “pensant” leur nouvelle usine, Jean-Louis Piscina et Jean-Yves Glumineau ont voulu créer un nouveau concept industriel de miroiterie avec la même philosophie qui avait guidé TIV en 2008 à savoir « tout en ligne et ne plus toucher le verre tout en réduisant les interventions humaines ».
La mise en service de “Tout l’Art du Verre” s’est effectuée progressivement depuis début octobre et le plein régime de l’usine devrait être atteint en début d’année 2018, employant entre 15 et 20 personnes à terme et qui seront spécialement embauchées.
Cette nouvelle usine, qui occupe une surface de 5 300 m2 qui s’ajoutent donc aux 7 500 m2 de TIV (site qui, en 2018, va passer à 15 000 m2). Elle est équipée d’un classeur de stockage dynamique avec navette et dépilage automatique, tables de coupe mixtes float et feuilleté, avec convoyage et chargement automatique des centres d’usinage et double bilatérale avec robot, suivi des laveuses, tous fournis par Intermac.
En fait le verre adopte un cheminement dans la chaîne en fonction de la typologie des façonnages à réaliser, géré par un système à code-barres.
Tous les équipements concernant le traitement de surface, émaillage et impression numérique céramique viennent de Tecglass. Le four de trempe a, lui, été fourni par Glaston. TAV finalise ses choix matériels pour le feuilletage des verres.


Interview de Jean-Yves Glumineau

« 30 ans, un bel âge pour TIV »

Quel bilan pouvez-vous tirer de ces 30 années d’exercice de TIV ?
« J’ai repris la société à son créateur Christian Heuvelin en 2004, et je me suis rendu compte que l’innovation est essentielle pour faire évoluer positivement une entreprise. En 2008 on a décidé de réaliser une unité de production entièrement nouvelle. En 2009 on a assisté à un véritable coup d’arrêt dans le domaine du bâtiment et depuis nous avons quand même triplé le chiffre d’affaires grâce à nos clients. Si on n’avait pas réalisé cette révolution en 2008, l’outil obsolète qu’avait TIV ne nous aurait pas permis de passer le cap ».

Quels sont les caractères spécifiques de TIV ?
« Le chiffre d’affaires global de 2017 devrait s’élever à 23 millions d’euros réalisés avec 110 collaborateurs. En 2008 nous avons construit une nouvelle unité d’assemblage tout en ligne en flux tendu, ce qui est encore tout à fait innovant dans ce domaine d’activité. Nous avons optimisé toutes les étapes de la transformation en diminuant au maximum les manipulations manuelles, ce qui diminue la pénibilité et augmente la sécurité ».

Quelle est votre philosophie de l’entreprise ?
« Nous croyons fermement à notre capacité de croître sur le marché par nos actions. Nous avons la volonté de « dire ce que nous faisons et de faire ce que nous disons. Cela paraît simple et pourtant ça ne l’est pas toujours dans la vie quotidienne de l’entreprise. Nous tenons à assurer la régularité de la qualité et du service. Nous transmettons ces concepts à tous nos collaborateurs pour qu’ils soient à la hauteur de la demande des clients. Tenant compte de l’évolution de la profession la question qui prime comment préserver notre indépendance dans ce milieu en perpétuelle évolution ».

Comment concevez-vous le management ?
« Nous nous efforçons d’entretenir la transversalité permanente de nos échanges et directives. Nous choisissons dans nos équipes la meilleure adéquation compétence et responsabilité. Les membres du comité de direction assurent les relais dans chaque service. Si on veut grandir il faut travailler tous ensemble, je prends plaisir à en être l’animateur. Je pratique un management de proximité, je connais tous les collaborateurs par leur nom et prénom et je les vois régulièrement. Je tiens à garder une taille humaine pour que toute l’équipe adhère au projet commun ».

Que ressentez-vous au niveau de la conjoncture actuelle ?
« Après sept ans d’un marché se contractant, je vois depuis un an des signes forts de reprise, la tendance commence à s’inverser. Dans les trois ans à venir je pense que ça va s’améliorer, j’espère un effet “Jeux Olympiques” comparable à celui de la coupe du monde de football gagnée par la France en 1998 ».

Comment voyez-vous l’avenir ?
« Je suis globalement optimiste, ma devise est la suivante : le marché est toujours plus gros que ce que l’on peut faire. Ça donne une bonne marge de développement. On va chercher les marchés, il faut se distinguer, élargir les savoir-faire et profondeur de gamme pour créer la différence et s’inscrire dans la durée ».
Propos recueillis par Christian Faivre Delors et Frédéric Taddeï