Par Frédéric Taddeï - directeur de la publication /// lui écrire


Parfois l’urgence a du bon, surtout lorsqu’elle est prise en compte. Je vais être pratiquement le seul, en ces jours de crise de confiance généralisée, à dire un peu de bien… d’une mesure gouvernementale ! Je sais, ce n’est ni tendance ni rentable de défendre le Président de la République en ce moment, et je serais certain de remporter l’adhésion du plus grand nombre si je dissertais avec tout le monde sur ce pénible et consternant début de quinquennat. Comme ce n’est pas mon style de m’insérer dans les chorales, je vais pousser un peu seul ma petite chansonnette positive au milieu du champ de ruines qui sert actuellement de décor aux analyses politico-économiques !
Pourquoi cette introduction liminaire teintée de politique ? Tout simplement parce que le bâtiment était, le 21 mars dernier, au cœur de la communication présidentielle, lorsque François Hollande a présenté son plan d’urgence pour le bâtiment. En déplacement à Alfortville en banlieue parisienne, le Président et les ministres du gouvernement concernés par le bâtiment et l’écologie, ont détaillé les principaux points de ce plan qui porte bien son nom d’“urgence”.
Ayant eu la chance d’être accrédité avec la presse présidentielle, une grande première pour notre revue, j’ai eu accès durant cette journée à tout ce que ministères, présidence, fédérations et cabinets de lobbying comptent de conseillers et d’experts. C’est en fait auprès d’eux qu’on obtient les bonnes informations. Nous avons été "briefés" dès le matin au palais de l’Elysée même par un conseiller de François Hollande. Pourquoi ce détail ? Pour préciser que, quelques heures avant l’intervention officielle du président, tous les professionnels du bâtiment, ou leurs représentants, connaissaient en partie le contenu du plan. Ayant pu dialoguer avec certains d’entre eux en marge lors du discours présidentiel, ils semblaient satisfaits (lire à ce sujet l’article dans ce numéro sur la réaction de la FFB, page 24).
Je ne vais pas détailler toutes les mesures, il y en a vingt (elles sont disponibles sur notre site www.verreetprotections.com), mais elles constituent un ensemble de vraies mesures destinées à relancer la construction en s’articulant, notamment, autour d’une baisse de la TVA sur le logement social, des incitations financières pour la rénovation thermique, et enfin une simplification des normes de construction et des recours en contentieux.
Quand j’utilisais le mot “urgence”, je ne me trompais pas car il semblerait que les cris d’alarme du bâtiment aient (un peu) été entendus par nos gouvernants, car il sera fait appel aux ordonnances pour faire appliquer certaines mesures dès juin prochain, sans attendre le projet de loi logement qui devrait être déposé au Parlement en septembre 2013. Une première dans le quinquennat de François Hollande !
Soyons donc optimistes et gageons que le gouvernement, face au désastre actuel du panorama industriel français, a considéré qu’il était tout aussi important de fabriquer une fenêtre ou un volet roulant qu’une automobile ou de l’acier en plaques. À force de dire que le bâtiment est une activité très peu “délocalisable”, implantée absolument partout en France, de la plus petite commune à la plus grande ville, employant toutes les catégories sociales et faisant appel à tous les niveaux d’études, nos dirigeants ont peut-être pris conscience que la construction était peut-être finalement l’activité la plus représentative de la population française : cette population de laquelle le président de la République tient son mandat. Urgence, je vous disais.